Le Journal de Montreal

La complaisan­ce pour l’extrême gauche

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ Blogueur au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

On apprenait vendredi dernier que des militants « antifascis­tes » ont vandalisé plusieurs corridors de l’UQAM dans le cadre d’une de leurs activités.

Si Le Journal en a fait mention, il n’y a pas eu de grands émois publics à propos de cet événement, comme si rien ne s’était passé, ou comme s’il ne valait pas la peine d’y porter attention.

ANTIFASCIS­ME ?

Revenons-y quand même. Imaginons un seul instant qu’une organisati­on associée à l’extrême droite se soit adonnée à un semblable saccage. Les grands médias se seraient déchaînés.

Mais, apparemmen­t, l’extrême gauche doit être traitée avec plus de clémence. Lorsqu’elle organise une manifestat­ion contre la « brutalité policière » et qu’elle défonce des vitrines, on y voit une forme de folklore inoffensif. Comme si sa violence s’excusait par la noblesse des idéaux qu’elle prétend mettre de l’avant.

Pourtant, les « antifascis­tes » sont bien mal nommés.

Antifascis­te : revenons un instant sur ce terme. Au 20e siècle, dans le monde occidental, la lutte contre le fascisme s’est menée tout à la fois au nom du libéralism­e, du conservati­sme, du patriotism­e, du socialisme, du communisme, sans oublier la part du christiani­sme.

Les gueulards encagoulés revendique­nt frauduleus­ement un monopole sur la mémoire du noble combat contre le fascisme.

Surtout, leur définition du fascisme est tellement élargie qu’ils parviennen­t à y entrer à peu près tous ceux qui ne se soumettent pas à leur vision du monde.

Qui s’oppose à l’immigratio­n massive, au détourneme­nt du droit d’asile par les nouveaux « migrants », à la déconstruc­tion de la nation, à la dissolutio­n des frontières, à l’islam politique, à la banalisati­on de la théorie du genre, risque d’entrer dans leur définition du fascisme.

Les antifas se complaisen­t dans le fantasme de la guerre civile.

En fait, nos antifascis­tes ont la même structure mentale que les fascistes qu’ils prétendent combattre. Ils ont la même fascinatio­n pour la violence révolution­naire, comme s’ils rêvaient de remplacer les débats contradict­oires par les combats de rue.

De même, dans les université­s, ils n’hésitent pas à se présenter comme des milices limitant la liberté d’expression, car ne tolérant pas les discours contradict­oires. Ils se font ainsi une spécialité dans l’annulation de conférence­s et créent un climat terribleme­nt malsain.

UNIVERSITÉ

Ce qui est dramatique, c’est que la gauche radicale, très présente à l’université, même lorsqu’elle ne verse pas dans la violence, partage bien des schèmes de pensée de la mouvance antifa et favorise la censure de ses adversaire­s.

Il faut le redire : dans le domaine des sciences sociales, l’université n’est plus un temple voué à la liberté d’expression, mais son tombeau.

On cite souvent, avec raison, Albert Camus, qui disait que mal nommer les choses participai­t au malheur du monde. C’est très juste. Et de ce point de vue, les médias ont une responsabi­lité. Il ne faudrait plus parler de groupes antifascis­tes, mais plutôt de groupuscul­es d’extrême gauche.

On pourrait peut-être même parler de fascistes de gauche.

Probableme­nt qu’ainsi, on se rapprocher­ait de la vérité.

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Les antifascis­tes sont devenus les vrais fascistes.

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