Le Journal de Montreal

La famille s’interroge sur les poursuites policières

Le conjoint et le frère de la femme sérieuseme­nt blessée veulent des explicatio­ns

- JONATHAN TREMBLAY

Les proches de la mère de famille happée et blessée par un véhicule du Service de police de la Ville de Montréal, samedi, remettent en question la pertinence d’effectuer des poursuites policières en plein coeur d’un quartier résidentie­l.

« Je blâme un peu les policiers. Ils devaient savoir qu’il y a des piétons dans le coin », déplore le conjoint de la victime, Simon Duclos, 53 ans.

La dame de 42 ans, Nancy Carrier, déneigeait son stationnem­ent, rue Sherbrooke Est, lorsqu’elle s’est fait heurter. Plusieurs voitures du SPVM pourchassa­ient alors un fuyard, qui avait peu avant échappé à des patrouille­urs de la SQ sur le pont Jacques-Cartier.

Lors d’une tentative d’intercepti­on, un véhicule policier a été projeté et a fauché la citoyenne, qui a été grièvement blessée. Selon des témoins, elle aurait été projetée sur quelques dizaines de mètres.

« Elle se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment », constate son conjoint.

« Qu’est-ce que le fuyard avait fait de si grave pour qu’on mette la vie en danger de plusieurs personnes, se demande pour sa part le frère de la victime, Jimmy Carrier. C’est la question qui me hante depuis samedi. »

PAS EN GUERRE

Les deux hommes ont tenu à souligner qu’une école et une garderie se trouvent à proximité. « Pourquoi les policiers n’ont-ils pas tenté de le maîtriser un peu plus loin, où il y a moins de piétons ? » s’interrogen­t-ils.

Les deux hommes se gardent bien de « partir en guerre » contre la police. « On s’interroge seulement sur la technique utilisée », dit M. Carrier.

Le Bureau des enquêtes indépendan­tes se penche d’ailleurs sur les circonstan­ces de l’interventi­on policière.

Nancy Carrier, une infirmière réputée pour son dévouement, a subi hier une longue opération pour de multiples fractures aux jambes. Son état est maintenant stable.

« Elle a été un bon 24 heures dans un état critique. On a pensé au pire, confie M. Duclos. Elle est chanceuse d’être vivante. »

Le suspect dans cette affaire, Sébastien Théodore, a comparu hier pour être accusé de conduite dangereuse, de délit de fuite, et négligence criminelle, chaque méfait causant des lésions. La Couronne s’est opposée à sa remise en liberté. Une audience est prévue aujourd’hui à cet effet.

DIFFAMATIO­N

L’individu de 40 ans, autoprocla­mé « citoyen souverain » (voir texte ci-contre), s’est fait connaître en 2015 pour avoir remis une contravent­ion à un policier de Longueuil. Rejetée en cour municipale, l’affaire doit être entendue en appel le 11 janvier.

Le mois dernier, la Ville de Longueuil a aussi obtenu gain de cause contre Théodore pour le forcer à retirer des propos jugés diffamatoi­res envers ses employés sur sa page Facebook.

Avec la collaborat­ion de Michaël Nguyen En 1999, après une série d’accidents survenus lors de poursuites policières, le ministère de la Sécurité publique a créé un groupe de travail pour encadrer la pratique. Revues trois fois depuis, ses recommanda­tions sont en cours de révision, selon une demande d’accès à l’informatio­n datant de juillet.

 ?? PHOTOS JONATHAN TREMBLAY ET AXEL MARCHAND-LAMOTHE ?? Le conjoint de la victime, Simon Duclos, à l’endroit (flèche) où sa femme a été heurtée, samedi, par une autopatrou­ille du SPVM (photo en mortaise).
PHOTOS JONATHAN TREMBLAY ET AXEL MARCHAND-LAMOTHE Le conjoint de la victime, Simon Duclos, à l’endroit (flèche) où sa femme a été heurtée, samedi, par une autopatrou­ille du SPVM (photo en mortaise).

Newspapers in French

Newspapers from Canada