Héma-Québec veut réduire la période d’abstinence
Des dons trois mois après une relation entre hommes
Héma-Québec et la Société canadienne du sang demandent de réduire de douze à trois mois la période d’abstinence à observer entre une relation sexuelle entre hommes et un don de sang.
Selon ce qu’a appris l’Agence QMI, les deux organismes en sont à préparer une soumission à Santé Canada, qui aura le dernier mot sur les règles applicables partout au pays. L’organisme fédéral devrait avoir en main cette proposition au début de l’année 2019.
Depuis août 2016, un homme qui a une relation sexuelle avec un homme doit attendre douze mois avant de donner du sang, peu importe s’il portait un condom ou s’il est dans une relation stable. Le délai était précédemment de cinq ans. Et avant juillet 2013, il était impossible pour un homme qui avait déjà eu une relation homosexuelle de donner du sang.
Selon le porte-parole d’Héma-Québec, Laurent-Paul Ménard, « environ deux fois plus d’hommes ayant déjà eu dans le passé une relation sexuelle avec un autre homme seront admissibles selon la nouvelle politique », mais l’impact réel sur les dons de sang est difficile à estimer.
PAS DE RISQUE
Héma-Québec assure que cet éventuel changement dans la réglementation ne mettra pas à risque les receveurs, puisque l’organisme utilise « une gamme de tests de dépistage de haute précision ».
Malgré cette efficacité, « le risque de ne pas détecter un don de sang infecté, si minime soit-il, n’est pas nul », ce qui « explique pourquoi nous interdisons des donneurs à haut risque d’infection transmissible par le sang. »
« Encore aujourd’hui, l’incidence et la prévalence de l’infection au VIH [chez les homosexuels] sont au moins dix fois celles observées parmi la population hétérosexuelle », a fait savoir Héma-Québec.
L’organisme a fait une demande de réduction à trois mois, car c’est la période maximale pendant laquelle quelqu’un peut être infecté sans que les tests le détectent.
STIGMATISATION
Chez Gris Québec, un organisme de Québec qui vise à démystifier l’homosexualité et la bisexualité, on accueille favorablement l’initiative d’Héma-Québec.
« On doit applaudir ces changements-là, mais aussi avoir bon espoir que si on parle de trois mois maintenant, dans relativement peu de temps on annulera [le délai d’interdiction] », a commenté André Tardif, directeur général de l’organisme.
« Le sang, c’est très physique, c’est intime. Lorsqu’on vous dit que votre sang n’est pas bon, il y a quelque chose de symbolique, de très très fort. C’est un interdit qui a certaines répercussions sur le regard qu’on porte sur soi, sur notre communauté », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, avait promis, lors de la campagne électorale de 2015, de mettre fin à cette interdiction.