Macron cherche une réponse au chaos
Le président souhaite rencontrer les représentants des « gilets jaunes » au lendemain des violences à Paris
PARIS | (AFP) Le gouvernement cherchait hier comment surmonter la crise provoquée par les émeutes qui ont secoué Paris samedi au cours des manifestations des « gilets jaunes », un dossier devenu explosif, tant la fronde des « gilets jaunes », ces Français modestes, semble incontrôlable, et tant les images de violences en plein centre de la capitale ont frappé les esprits.
Notamment celles de l’Arc de Triomphe, qui a été recouvert de graffitis et dont le musée souterrain a été saccagé, les casseurs brisant notamment le visage d’une reproduction de la sculpture La Marseillaise. Les dommages se chiffrent à plusieurs centaines de milliers d’euros.
Le premier geste du président Emmanuel Macron à son retour d’Argentine fut d’ailleurs d’aller se recueillir devant la flamme du soldat inconnu sous l’Arc et de constater les dégâts. Quelques gilets jaunes l’ont hué au moment de ce déplacement à l’un des monuments les plus visités de Paris. Il a ensuite dirigé une réunion de crise avec quelques ministres clés pour tirer les enseignements de cette journée et des violences.
« SANS PRÉCÉDENT »
Les violences parisiennes ont été d’« une gravité sans précédent », a commenté hier le préfet de police Michel Delpuech.
Au total, 412 personnes ont été interpellées, « un niveau jamais atteint dans les dernières décennies », a ajouté M. Delpuech au cours d’une conférence de presse, en déplorant une « violence extrême et inédite » contre les forces de l’ordre avec « des jets de marteaux », de « billes en acier » ou de « gros boulons ».
Un total de 136 000 personnes ont participé samedi dans toute la France à la troisième journée de mobilisation des « gilets jaunes » au cours de laquelle 263 personnes ont été blessées contre 166 000 le samedi précédent.
UN MORT
Dans la nuit de samedi à hier, un automobiliste est mort à Arles après avoir percuté un poids lourd à l’arrêt en raison d’un embouteillage provoqué par un barrage de « gilets jaunes ». Cet accident porte à trois le nombre de décès liés au mouvement depuis son démarrage voilà trois semaines.
Les « gilets jaunes » fédèrent nombre de Français modestes qui s’opposent la politique sociale et fiscale du gouvernement et dénoncent le mépris dont il ferait preuve à leur encontre, alors qu’il a plusieurs fois répété qu’il ne varierait pas de cap sur la taxation du carburant (pour financer la transition écologique).
Certaines voix du pouvoir laissent entendre qu’il y aura du changement, au moins dans la forme, de l’action gouvernementale. M. Macron a demandé au premier ministre Édouard Philippe de recevoir, à une date non précisée, « les chefs de partis représentés au Parlement ainsi que des représentants des manifestants », au nom d’un « souci constant de dialogue ».
« Là où on a péché, c’est que l’on a été trop éloignés des réalités des Français », a estimé dans le journal Le Parisien le nouveau patron du parti macroniste LREM (La République en Marche), Stanislas Guérini.
Mais l’opposition et une partie des « gilets jaunes », réclament d’abord un geste fort au gouvernement, à commencer par un moratoire ou un gel de la hausse des taxes sur les carburants.