Le Journal de Montreal

Paradis lance une réflexion

Le choix vestimenta­ire de certains élus de Québec solidaire fait réagir

- GENEVIÈVE LAJOIE

QUÉBEC | Si une majorité de députés tiennent au décorum à l’Assemblée nationale, le président François Paradis estime qu’une réflexion au sujet de la tenue vestimenta­ire des élus s’impose.

Le choix vestimenta­ire de certains députés de Québec solidaire a provoqué une avalanche de réactions hier dans les couloirs du parlement.

En l’absence de code strict pour les élus, les solidaires Catherine Dorion et Sol Zanetti se permettent de porter des jeans, des espadrille­s et des bottes Dr Martens au prestigieu­x Salon bleu de l’Assemblée nationale.

Pour le premier ministre François Legault, les députés ne peuvent pas se vêtir n’importe comment au parlement.

« Moi, je fais confiance [au président de l’Assemblée nationale] François Paradis, mais il doit y avoir un certain décorum, je pense qu’on doit ça à la population », a-t-il lancé.

Selon lui, l’habillemen­t est « une question de jugement et de bon goût ».

Le député libéral Gaétan Barrette estime quant à lui que le choix de vêtements des députés solidaires s’apparente à de la provocatio­n.

« L’habillemen­t demeure une forme de message et à Québec solidaire, on est toujours prêt à envoyer des messages », a lancé mercredi le Dr Barrette, à l’entrée de la réunion quotidienn­e de l’aile parlementa­ire libérale.

Le chef intérimair­e du Parti québécois estime pour sa part qu’on ne doit pas abandonner le port de la cravate au Salon bleu du parlement.

« On pense que ça s’impose. Je pense qu’on peut se faire remarquer autrement que par son habillemen­t, comme par la justesse de ses idées, par la rigueur de ses interventi­ons, il y a toutes sortes de façons de gérer son image. Nous, on préfère se concentrer sur le propos », a dit Pascal Bérubé.

SE PENCHER SUR LA QUESTION

Le nouveau président de l’Assemblée nationale croit néanmoins que le temps est venu de se pencher sur la question.

« Moi, ce matin, je suis heureux parce que cette réflexion-là, elle est essentiell­e, elle est saine », a confié le caquiste François Paradis, inhabituel­lement sorti de son devoir de réserve.

« C’est vrai que la réglementa­tion est très large. On parle de tenue de ville contempora­ine : il y a 100 ans et aujourd’hui, ce n’est pas la même chose, il y a des choses qui évoluent », a insisté le président Paradis.

À TRAVERS LE MONDE

Le député caquiste de Lévis a souligné que cette réflexion sur le code vestimenta­ire des élus se fait partout à travers le monde.

En France, les députés ont le droit de siéger à l’Assemblée nationale sans veste ni cravate depuis l’an dernier.

Est-ce que cet accessoire qui symbolise l’élégance pourrait ne plus être obligatoir­e au Salon bleu du parlement québécois ?

François Paradis n’a pas voulu se lancer dans l’analyse de chaque vêtement. « Je suis très ouvert à tout ce qui peut être proposé, ça va faire partie des avenues potentiell­es », a-t-il néanmoins glissé.

Le dossier sera traité au Bureau de l’Assemblée nationale, où siègent tous les partis politiques.

« On se doit d’avoir un certain décorum, avec les décennies, toutes les décisions qui se prennent ici à Québec, pour moi c’est totalement inacceptab­le. » – Éric Lefebvre, whip en chef du gouverneme­nt caquiste « Le respect de l’institutio­n, il s’incarne avant tout dans son comporteme­nt, dans l’utilisatio­n qu’on fait des fonds publics, dans le sérieux qu’on a dans notre travail de député. Je pense que la couleur de la chemise ou le motif de la jupe, c’est pas mal plus secondaire. » – Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementa­ire de Québec solidaire

 ?? PHOTOS SIMON CLARK ET D’ARCHIVES ?? La députée solidaire Catherine Dorion a assuré hier qu’elle se conformera­it aux demandes du président de l’Assemblée nationale si jamais celui-ci réprimanda­it ses choix vestimenta­ires. En mortaise, la députée portait des bottes Dr Martens, mardi au Parlement.
PHOTOS SIMON CLARK ET D’ARCHIVES La députée solidaire Catherine Dorion a assuré hier qu’elle se conformera­it aux demandes du président de l’Assemblée nationale si jamais celui-ci réprimanda­it ses choix vestimenta­ires. En mortaise, la députée portait des bottes Dr Martens, mardi au Parlement.

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