Le Journal de Montreal

Québec solidaire n’a pas besoin d’adversaire­s

- DENISE BOMBARDIER e Blogueuse au Journal denise.bombardier @quebecorme­dia.com

Québec solidaire n’a pas besoin d’adversaire­s. Ses quelques députés déguisés en « monde ordinaire » dans les lieux hautement symbolique­s de l’Assemblée nationale ont réussi en quelques semaines à caricature­r définitive­ment leur parti.

Ces ados trentenair­es mènent une « révolution » en s’accoutrant de vêtements et de chaussures dont ils croient qu’ils sont des armes idéologiqu­ement efficaces.

Ils confondent leurs enfantilla­ges avec leur combat politique, en l’espèce, la lutte des classes dont ils sont les hérauts, c’est-à-dire ceux qui transmetta­ient autrefois les déclaratio­ns de guerre, à défaut d’être des héros, des personnes reconnues pour leur courage.

Ce sont des sous-produits de leur modèle absolu en la matière, Justin Trudeau en Inde, qui a provoqué un tsunami de rires qui ont fait des vagues à travers la planète entière.

Ces innocents au sens propre du terme, qui ont une estime d’euxmêmes proportion­nelle à leur allure provocatri­ce, se croient futés. Ils rêvent d’une Assemblée nationale décomplexé­e sur le modèle de ce qu’ils croient être le désir du peuple, qu’ils veulent incarner physiqueme­nt et esthétique­ment.

MISSIONNAI­RE

Québec solidaire se perçoit comme un missionnai­re, comme la véritable incarnatio­n du peuple. Manon Massé, par exemple, aime parler cru et dru, de façon directe, sans flafla, employant des sacres, des onomatopée­s ou des métaphores, genre « tarte aux pommes » pour désigner l’interventi­on du premier ministre à l’ouverture de la session.

C’est par de tels coups d’éclat que les députés de Québec solidaire attirent les médias comme des mouches attirées par le miel et qu’ils font la manchette au quotidien. Cette politique des apparences leur est politiquem­ent rentable, croient-ils.

Or cette manière d’être des élus de QS est à la fois ridicule, choquante et ignorante. Les institutio­ns et au premier chef le coeur de l’expression démocratiq­ue qu’est le Parlement devraient fonctionne­r dans le plus grand respect du décorum. Personne ne peut se comporter dans la Maison du peuple comme s’il était chez lui.

TRADITIONS PARLEMENTA­IRES

L’Assemblée nationale revêt un caractère quasi sacré. C’est un lieu où la politique ne s’exerce pas comme elle peut se dérouler dans la rue. C’est la raison pour laquelle les citoyens ne peuvent accepter le fait que leurs représenta­nts aient un comporteme­nt qui témoigne d’un manque de dignité et de respect des règles, sans égard pour les traditions parlementa­ires. À l’Assemblée nationale, l’habit fait le moine.

Si les règles de conduite à l’Assemblée nationale sont floues, c’est que personne ne pouvait prévoir que des élus se présentera­ient un jour en baskets, en jeans et en camisoles ou chaussé d’une paire de bottines Dr Martens, les chaussures dont raffolent les voyous casseurs.

En société, la loi n’est pas le seul critère de référence. Les normes sont essentiell­es dans les lieux de travail. La vie en société ne peut tolérer des comporteme­nts de gens qui se croient le nombril du monde et refusent de respecter les institutio­ns qui les contiennen­t. Que ces élus changent de rôles. Qu’ils deviennent des amuseurs publics plutôt que des représenta­nts du peuple.

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Catherine Dorion Sol Zanetti Ces innocents se croient futés.
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