La ministre de l’Environnement se souvient bien de la tuerie
MarieChantal Chassé étudiait dans cette école d’ingénierie lors de l’événement
QUÉBEC | Étudiante à l’école Polytechnique le 6 décembre 1989, jour malheureux durant lequel 14 jeunes étudiantes ont été assassinées, la ministre caquiste MarieChantal Chassé sent qu’elle a un rôle à jouer pour contribuer à la place des femmes dans la société.
« Les souvenirs sont vifs. De me rendre compte aujourd’hui qu’on en est au 29e anniversaire, j’ai l’impression que c’est encore hier », confie-t-elle en entrevue, refusant d’entrer dans les détails de cette triste journée.
La ministre de l’Environnement, qui était en stage à l’extérieur de l’établissement cette journée-là, a perdu des collègues dans la tragédie.
« Ça me rappelle que j’ai, au quotidien, à chaque instant, envers ces jeunes femmeslà qui ont perdu la vie, qui étaient mes collègues, [à] me battre pour que nous ayons toujours notre place et que nous soyons reconnues pour avoir une belle place, une juste place », dit-elle.
Aujourd’hui mère de trois filles, Mme Chassé considère qu’il y a encore du travail à faire.
FEMMES MENACÉES
« Je le sais qu’il y a encore des femmes qui sont menacées. […] Non, je ne marche pas sur la rue en me sentant continuellement en toute sécurité », insiste-t-elle.
Non sans émotion, elle se remémore le retour en classe des étudiants de Polytechnique après la tuerie. Les jeunes étaient revenus sur les bancs de l’université après la période des Fêtes. Au sixième étage, les murs étaient jonchés de témoignages de solidarité provenant du monde entier.
« C’est comme si toute l’école était devenue un lieu de recueillement », raconte la nouvelle élue de Châteauguay.
La tragédie fut un choc brutal pour elle, issue d’une famille où l’égalité entre les hommes et les femmes était primordiale.
« Cet événement-là a eu l’effet d’une surprise pour moi parce qu’à Polytechnique, jamais à aucun moment donné pendant les années où j’y étais, j’ai ressenti quoi que ce soit d’une différence entre les femmes et les hommes, à aucun instant. »
RECUEILLEMENT
Au cours des 29 dernières années, la femme d’affaires s’offrait un moment de recueillement, « de réflexion toute seule avec moi-même » la journée du 6 décembre.
En raison de ses nouvelles fonctions de ministre, elle a fait un accroc à cette tradition cette année. Elle a participé hier soir à une cérémonie commémorative.
« Avec mon nouveau rôle, je veux amener ce message publiquement à ce que chacun se recueille et réfléchisse à comment on peut contribuer à ce que de tels événements ne se reproduisent plus. »
Au cours de l’entrevue, Mme Chassé n’était pas à l’aise de parler des armes, de même que du registre des armes à feu.