Le Journal de Montreal

VIVRE AVEC MOINS

Une douzaine de Québécois qui ont change de vie

- CAROLINE LEPAGE

Deux femmes qui luttent contre le gaspillage alimentair­e se « payent le luxe » de faire les poubelles, même si elles peuvent aisément acheter leurs aliments à l’épicerie.

Au début de leurs études universita­ires, Laurence Williams et Andréanne Lalonde ont trouvé dans un marché de Montréal leur première poubelle remplie de denrées.

Elles les ont fièrement rapportées à leur appartemen­t pour les manger.

Ça a été le début d’un mode de vie qui leur permettait de lutter contre le gaspillage alimentair­e et d’économiser.

80 % MOINS CHER

La facture d’épicerie de Mme Lalonde a alors baissé de 80 %, passant de 100 $ à 20 $ par semaine. Sept ans plus tard, elle continue le « déchétaris­me », même si elle gagne aisément sa vie comme suppléante dans une école secondaire. Toutefois, si elle manque d’aliments pour une recette, elle se les procure à l’épicerie.

« À l’époque, nos finances étaient plus serrées, mais la raison principale n’a jamais été l’économie d’argent », insiste Mme Williams, âgée de 25 ans.

Après son bac en environnem­ent, celle-ci a enseigné le français, l’an passé, en Colombie-Britanniqu­e, où elle n’a pu faire de « déchétaris­me ».

« J’ai eu un choc en calculant le coût de l’épicerie ! » confie-t-elle.

Pour les deux femmes, il est valorisant de sauver toute cette nourriture du site d’enfouissem­ent.

Considéran­t que l’agricultur­e génère 24 % des gaz à effet de serre au monde (9,6 % au Québec), et que le tiers de la nourriture produite est gaspillée, elles sont fières de réduire la pollution en limitant le gaspillage alimentair­e.

CHASSE AUX TRÉSORS

Les deux complices ont développé une fine connaissan­ce du circuit des poubelles accessible­s à Montréal, comme a pu constater Le Journal qui les a accompagné­es pendant une soirée, à vélo. Elles remplissen­t leurs sacs à dos de provisions.

Les pains, fruits, légumes, plats préparés, yogourts, chips, lait, etc. qu’elles rapportent sont moins frais, mais souvent encore salubres. Mme Williams mange parfois de la viande congelée, jetée en hiver.

« C’est une chasse aux trésors au quotidien », s’exclame Mme Lalonde.

Jamais elles ne sont tombées malades en mangeant « leurs trouvaille­s ». Elles usent de leurs cinq sens pour évaluer la qualité de ce qu’elles trouvent.

Ces écologiste­s veulent continuer le « déchétaris­me » si un jour elles deviennent mamans.

« Je serais tout à fait à l’aise de faire manger ça à mes enfants », conclut Mme Lalonde.

 ??  ??
 ?? PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, CAROLINE LEPAGE ?? Les deux n’ont pas de voiture et se déplacent en vélo quatre saisons. Elles achètent souvent en vrac et utilisent leur sac à dos au lieu des sacs en plastique. Elles achètent leurs vêtements dans les friperies ou organisent des soirées d’échange de vêtements usagés. Elles ont une « diva cup » pour les menstruati­ons. Elles mangent peu de viande. Elles utilisent des mouchoirs réutilisab­les en tissu, etc. Laurence Williams et Andréanne Lalonde sont fières d’éviter le gaspillage en récupérant les aliments encore salubres jetés aux poubelles, comme ces muffins.
PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, CAROLINE LEPAGE Les deux n’ont pas de voiture et se déplacent en vélo quatre saisons. Elles achètent souvent en vrac et utilisent leur sac à dos au lieu des sacs en plastique. Elles achètent leurs vêtements dans les friperies ou organisent des soirées d’échange de vêtements usagés. Elles ont une « diva cup » pour les menstruati­ons. Elles mangent peu de viande. Elles utilisent des mouchoirs réutilisab­les en tissu, etc. Laurence Williams et Andréanne Lalonde sont fières d’éviter le gaspillage en récupérant les aliments encore salubres jetés aux poubelles, comme ces muffins.

Newspapers in French

Newspapers from Canada