Le Journal de Montreal

Un complice de Gilles Vaillancou­rt radié pour 6 mois

- Ingénieur MATTHIEU PAYEN

Un ex-dirigeant de firmes de génie impliquées dans la collusion à Laval sous le règne de Gilles Vaillancou­rt vient d’être radié six mois par son ordre profession­nel, en plus de devoir payer une amende de 10 000 $.

Après avoir été reconnu coupable d’infraction­s criminelle­s, ce qui lui a valu une peine de deux ans moins un jour à purger dans la collectivi­té, Guy Jobin subit les foudres de l’Ordre des ingénieurs (OIQ).

L’ancien patron des firmes Équiluqs et Jobin Courtemanc­he a admis devant l’OIQ qu’il y avait un lien entre l’exercice de sa profession et sa condamnati­on prononcée en 2017 par le juge de la Cour supérieure James Brunton.

CARTEL

L’enquête policière, qui a fait la lumière sur le système mis en place à Laval par l’ex-maire Gilles Vaillancou­rt, a montré que M. Jobin faisait partie dès 2002 d’un groupe de dirigeants de firmes de génie qui se partageaie­nt de façon illégale les contrats de la Ville.

Ce cartel était formé de neuf compagnies, dont les géants Dessau, CIMA+ et Génivar.

En échange d’une ristourne de 2 % de l’ensemble des contrats qu’elles obtenaient, versée au parti du maire PRO des Lavallois, ces firmes s’assuraient une part du gâteau en truquant le système d’appel d’offres.

TRUQUÉ

La répartitio­n des contrats était décidée à l’avance par Gilles Vaillancou­rt et le directeur général de la Ville, Claude Asselin, qui communiqua­ient leurs choix au directeur de l’ingénierie, Claude Deguise.

Ce dernier contactait ensuite les ingénieurs « gagnants » qui appelaient euxmêmes les autres firmes pour s’entendre sur les prix. Les ingénieurs « perdants » envoyaient alors des soumission­s bidon supérieure­s au prix du gagnant et le tour était joué.

M. Jobin avait été arrêté en 2013, en même temps que Vaillancou­rt, au cours de l’opération Honorer, menée par l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC).

Dans sa décision, le conseil de discipline de l’Ordre des ingénieurs fait remarquer que « la conduite de [Guy Jobin] porte ombrage à l’ensemble de la profession », mais que le risque de récidive est faible.

M. Jobin est présenteme­nt employé du Groupe Civitas, une entreprise née de la fusion entre Équiluqs et la firme d’arpentage XYZ Civitas.

Avant la fusion, Équiluqs avait perdu des contrats à Montréal, en raison de la présence dans l’entreprise de l’ex-directeur des travaux publics de la Ville, Robert J. Marcil, radié par l’OIQ après son passage à la commission Charbonnea­u.

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GUY JOBIN Radié

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