LE CARNET DE LA SEMAINE
« JOUSER », M. OUELLET
S’adressant au président, le leader parlementaire péquiste Martin Ouellet, hier, a déclaré : « Même si les médias “jousent” [sic] un rôle fondamental dans notre démocratie, il n’en existe [sic] pas moins que c’est important que les parlementaires soient saisis avant. » Mes oreilles de #mononc101 ont saigné. J’ai tweeté à ce sujet : « Le décorum pour la langue française, on en fait quoi à l’#AssNat ? » Le député de René-Lévesque, cherchant à répondre avec ironie — ça l’honore — sur Twitter, a publié l’enregistrement de sa bourde avec cette mention : « J’ai mal accordé mon verbe zouer. » C’était « jouser », non ?
« BESOIN D’AMOUR »
Certaines expressions semblent contagieuses. Prenez « besoin d’amour » et « en manque d’amour ».
François Legault, dans son discours d’ouverture : « Le système d’éducation a manqué d’amour. » La ministre de la Culture Nathalie Roy, mercredi : « C’est un ministère qui a beaucoup manqué d’amour. » La libérale Paule Robitaille, mardi : « Ce comté a besoin d’amour, a besoin de beaucoup d’amour, d’énormément d’amour. » Le linguiste Lionel Meney, au micro de Là-haut sur la colline à la Radio Qub hier, a fait remarquer que c’était un euphémisme inspiré de l’anglais d’usage dans l’immobilier : au lieu de dire qu’une maison est décatie, on dit « needs love ».
MCCANN « AU NIVEAU »
L’expression « au niveau de » utilisée à tort et à travers me fascine depuis longtemps. Elle est « abusivement [...] employée comme équivalent de “en ce qui concerne”, “dans le domaine de” [...], etc. », peuton lire dans le site Banque de dépannage linguistique. Je croyais qu’elle était en voie de disparition quand j’ai entendu, mardi, la ministre de la Santé Danielle McCann. Elle s’est dite contente d’« intervenir pour la première fois “au niveau” de la période de questions ». Elle soutient vouloir « changer le ton “au niveau” de la santé et des services sociaux ». Estime qu’il y a « énormément de problèmes à régler “au niveau” de l’accès des services », « “au niveau” de la santé mentale » et « “au niveau” des services dans la communauté ».