Les Européens inquiets d’une collaboration avec le géant chinois
BRUXELLES | (AFP) Le géant chinois des télécoms Huawei s’est dit « surpris et déçu » hier par les propos du vice-président de la Commission européenne, Andrus Ansip, qui a estimé qu’il fallait « s’inquiéter » des risques que fait courir ce groupe à l’UE en matière de sécurité.
« Huawei est surpris et déçu par les commentaires formulés à son sujet », explique l’entreprise chinoise dans un communiqué. « Nous rejetons catégoriquement toute allégation selon laquelle nous pourrions constituer une menace pour la sécurité », ajoute-t-elle.
CONTRAINTE DE COOPÉRER ?
« Faut-il s’inquiéter de Huawei ou d’autres entreprises chinoises ? Oui, je pense qu’il faut s’inquiéter », avait affirmé hier matin M. Ansip, selon lequel ces entreprises sont contraintes de « coopérer avec leurs services de renseignement ». « Ce n’est pas bon signe quand les entreprises doivent ouvrir leurs systèmes à des services secrets », avait-il encore dit, affirmant que ces groupes fabriquaient des puces « pour obtenir quelques-uns de nos secrets ».
« Nous ne savons pas grand-chose de ce cas concret, mais en tant que gens normaux et ordinaires, bien sûr, nous devons avoir peur », avait-il conclu.
Huawei vient de subir un coup dur avec l’arrestation à Vancouver de sa directrice financière et fille du fondateur, à la demande des États-Unis.
Les autorités américaines soupçonneraient le géant chinois d’avoir exporté, depuis 2016 au moins, des produits d’origine américaine vers l’Iran et d’autres pays visés par leurs sanctions.
Mais Huawei est aussi soupçonné par Washington d’être un agent sous couverture du pouvoir chinois.
Une loi fédérale interdit aux responsables gouvernementaux et militaires d’utiliser des appareils fabriqués par Huawei et ses liens supposés avec le Parti communiste chinois sont souvent mis en avant.
CAMPAGNE DE DISSUASION
Washington a également lancé une vaste campagne auprès de pays alliés pour dissuader leurs entreprises de téléphonie mobile et d’accès à internet d’utiliser les équipements du groupe chinois, qui pourraient donner à Pékin un accès à des informations sensibles, selon la presse américaine.
Plusieurs pays ont fermé la porte à Huawei pour le développement des infrastructures de la 5G, comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande, et des médias japonais ont annoncé hier que le Japon allait interdire l’utilisation d’équipements de ce groupe par son administration.
Huawei a toujours fait valoir son indépendance et affirmé qu’il n’avait jamais utilisé ses équipements pour espionner ou saboter les communications dans les pays où ils sont utilisés.