Le Journal de Montreal

Son crash reste un mystère

Un an et demi après la mort du pilote québécois Éric Carrier, les enquêteurs n’ont pas établi la cause précise de l’écrasement, ce qui continue de hanter sa famille.

- PIERRE-PAUL BIRON

SAINT-GEORGES | Un pilote québécois décédé en mai 2017 dans l’écrasement de son avion dans l’État de New York aurait perdu connaissan­ce dans le cockpit avant l’accident, révèle le rapport d’enquête des autorités américaine­s, qui laisse toutefois la famille de la victime avec beaucoup de questions sans réponses.

La soeur et le père d’Éric Carrier, qui avait 35 ans au moment de la tragédie, espéraient du fond du coeur que le rapport du National Tranportat­ion Safety Board (NTSB) leur apporterai­t les réponses qu’ils attendent depuis un an et demi. Mais il n’en est rien.

« Ça va toujours nous hanter. Pourquoi c’est arrivé ? Qu’est-ce qui s’est passé dans l’avion ? C’est difficile de faire la paix avec tout ça quand on ne sait pas. Et qu’on ne saura jamais », confie avec émotion Réjean Carrier, le père du pilote qui cumulait 5000 heures de vol lors de son décès.

PANNE D’ESSENCE

Le NTSB a publié au début du mois de novembre son rapport relatif à l’accident qui a coûté la vie à Éric Carrier le 5 mai 2017. Le pilote beauceron, parti seul de Québec en direction de l’aéroport de Saint-Hubert, s’est finalement écrasé 160 kilomètres plus loin, à Colton dans l’État de New York. Il était aux commandes d’un Piper PA31 de la compagnie Strait Air, pour qui il travaillai­t.

Selon les enquêteurs, c’est une panne d’essence qui a provoqué l’écrasement. Le NTSB conclut que le pilote a perdu connaissan­ce et que le système de pilotage automatiqu­e l’a mené au-delà de la destinatio­n prévue. Au bout de son carburant, l’avion est finalement tombé dans un secteur boisé.

Malgré une autopsie et une enquête qui aura duré 20 mois, les autorités américaine­s ne réussissen­t toujours pas à établir hors de tout doute ce qui a mené Éric Carrier à être incapable de piloter son Piper PA31 avant l’écrasement fatal.

« Le survol de la destinatio­n prévue et la perte de puissance du moteur due au manque de carburant sont des indicateur­s de l’incapacité du pilote. L’autopsie n’a identifié aucune maladie naturelle significat­ive. Toutefois, l’examen était limité par la gravité des dommages corporels », se contente d’indiquer le bureau dans son rapport final.

S’ACCROCHER AUX SOUVENIRS

« On attendait des réponses et on n’en a pas. C’est difficile », admet Annie Carrier, la soeur du pilote expériment­é.

« On va toujours se demander s’il était totalement inconscien­t ou si, par exemple, il a fait un AVC qui l’a paralysé, mais qu’il a vu la fin arriver sans pouvoir rien faire », ajoute-t-elle, les yeux dans l’eau, en songeant à l’horrible scénario.

Maintenant que le rapport est publié, tout ce que les Carrier peuvent faire, c’est de s’accrocher aux souvenirs que leur a laissés Éric, en se rappelant qu’il est parti en faisant ce qu’il aimait le plus au monde. « Il a eu son permis d’avion avant son permis d’auto », se rappelle sa soeur en riant.

Réjean Carrier, lui, se souvient de la dernière fois qu’il a vu son fils, dans les heures précédant sa mort. « Il venait de s’acheter une moto avec sa conjointe. Il était en forme et vraiment content de nous montrer ça. Et il est parti pour ce qui était son dernier vol avant de tomber en vacances », confie-t-il à propos de son fils.

 ??  ??
 ??  ??
 ?? PHOTOS COURTOISIE ?? 3 1. Le moteur droit du Piper PA31 a été récupéré et inspecté par les enquêteurs du NTSB. 2. Les enquêteurs ont tenté tant bien que mal de reconstitu­er l’appareil dans leur garage. 3. Un violent incendie s’est déclaré dans la carcasse de l’avion d’Éric Carrier après l’écrasement, ne laissant aucune chance au pilote.
PHOTOS COURTOISIE 3 1. Le moteur droit du Piper PA31 a été récupéré et inspecté par les enquêteurs du NTSB. 2. Les enquêteurs ont tenté tant bien que mal de reconstitu­er l’appareil dans leur garage. 3. Un violent incendie s’est déclaré dans la carcasse de l’avion d’Éric Carrier après l’écrasement, ne laissant aucune chance au pilote.
 ??  ?? 1
1
 ??  ?? 2
2
 ?? PHOTO SIMON CLARK ?? Annie et Réjean Carrier, la soeur et le père du pilote Éric Carrier (en mortaise), peinent à accepter le fait qu’ils ne sauront jamais ce qui a réellement provoqué l’écrasement qui a tué celui qu’ils décrivent comme un pilote « passionné, expériment­é et prudent ».
PHOTO SIMON CLARK Annie et Réjean Carrier, la soeur et le père du pilote Éric Carrier (en mortaise), peinent à accepter le fait qu’ils ne sauront jamais ce qui a réellement provoqué l’écrasement qui a tué celui qu’ils décrivent comme un pilote « passionné, expériment­é et prudent ».
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada