Le Journal de Montreal

Le terrorisme, un défi à relever

- RICHARD richard.latendress­e@quebecorme­dia.com LATENDRESS­E

Il y eut un temps, pas si lointain… pas assez pour que j’aie à utiliser le passé simple… où les terroriste­s – les islamistes, en particulie­r – semblaient nous guetter à tous les coins de rue. Pas une semaine sans un attentat quelque part au Moyen-Orient, en Europe ou aux États-Unis visant des civils, des gens tout à fait innocents comme vous et moi.

Souvenez-vous de l’attaque contre un local gouverneme­ntal à San Bernardino, en Californie, en décembre 2015, en plein party des Fêtes : 14 morts. Ou encore les explosions au marathon de Boston, en avril 2013, qui avaient fait 3 morts et 264 blessés. Ou le massacre commis à New York, en octobre 2017, par le conducteur d’une camionnett­e qui avait fauché des gens sur un kilomètre et demi de piste cyclable.

Sans oublier, bien sûr, les 137 morts des attentats de Paris en novembre 2015, les 32 morts à Bruxelles en mars 2016 et les 86 personnes qu’un extrémiste au volant d’un camion-bélier a tuées sur la promenade des Anglais à Nice, le 14 juillet 2016.

De deux ou trois choses l’une : soit ces extrémiste­s musulmans reçoivent moins d’attention, soit nous sommes tout simplement mieux protégés, soit l’étrangleme­nt du pseudo-califat de l’État islamique a coupé l’inspiratio­n aux tordus qui le vénéraient.

TOUJOURS LES MÊMES QUI EN BAVENT

Nos sens ne nous jouent pas de tours : beaucoup moins de gens ont perdu la vie dans des attentats terroriste­s en 2017 qu’au cours des trois années précédente­s. Une chute de 27 % par rapport à 2016, selon un groupe de recherche australien, l’Institute for Economics and Peace, qui a publié la semaine dernière son Global Terrorism Index. Et 2018 s’annonce pour être mieux encore.

Les points chauds du monde restent les mêmes : l’Irak, la Syrie, la Somalie, le Nigeria et l’Afghanista­n. Surtout l’Afghanista­n, en fait. Il s’est commis là-bas plus de 1000 attaques, faisant 4653 morts et encore plus de blessés. Selon l’IEP, une personne sur quatre victimes du terrorisme en 2017 vivait en Afghanista­n.

Ce sont surtout les talibans qui sèment la terreur, ceux-là mêmes que les Américains ont chassés du pouvoir après les attentats du 11 septembre 2001, parce qu’ils avaient accueilli sur le territoire afghan Oussama ben Laden, le leader d’Al-Qaïda.

Dix-sept ans et mille milliards de dollars plus tard, tout près de 10 000 soldats américains sont toujours déployés à des milliers de kilomètres de chez eux, et ça ne risque pas de changer de sitôt. Le général Joseph Dunford, chef d’État major des armées américaine­s, a insisté la semaine dernière sur la nécessité de poursuivre cette mission.

Sa priorité, a-t-il admis, n’est pas d’assurer la sécurité et la stabilité de l’Afghanista­n, mais de protéger le peuple américain, les États-Unis et leurs alliés. Bref, pour reprendre la logique acceptée par le président Trump, vaut mieux qu’on les tue là-bas, qu’ils viennent nous tuer ici.

LA GRANDE TERREUR ET L’AUTRE

Quant au terrorisme ailleurs dans le monde, les chercheurs de l’IEP sonnent l’alarme devant la montée des attaques nourries par l’intoléranc­e d’extrême droite. Les crimes haineux, remarquent-ils, sont en hausse constante et ils incluent, dans le nombre, l’attentat contre la mosquée de Québec en janvier 2017.

La terreur, comme arme contre les innocents, continue d’attirer les enragés de tout poil. Cela dit, et sans minimiser ce qu’ont subi les victimes, on a décompté 18 814 morts dans des attentats terroriste­s à travers le monde en 2017, alors que, pendant la même période, 15 549 personnes, en excluant les suicides, étaient tuées par une arme à feu aux États-Unis.

Il y a le « grand » terrorisme qui effraie, puis la « petite » peur quotidienn­e qu’on ne doit pas pour autant négliger. Question de mettre un peu de perspectiv­e.

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