Le Journal de Montreal

La trouvaille de l’année

- Stéphane Cadorette stephane.cadorette @quebecorme­dia.com

Avec des joueurs de première année de grande qualité comme Saquon Barkley à New York et Baker Mayfield à Cleveland, il sera difficile pour Phillip Lindsay d’hériter du titre de recrue par excellence, mais il s’est immiscé brillammen­t dans la discussion. S’il y avait un prix remis à la trouvaille de l’année, le porteur des Broncos en serait assurément le récipienda­ire.

S’il est aujourd’hui quatrième dans la NFL chez les porteurs de ballon avec 937 verges au sol, le nouveau venu que personne n’attendait ne semblait pas destiné à connaître une telle saison.

D’INCONNU À HÉROS

Les Broncos n’avaient pas seulement repêché un porteur, mais bien deux, avant de tendre la main à Lindsay à titre d’agent libre une fois le repêchage terminé, parce qu’il évoluait dans la cour arrière de l’équipe, à l’Université du Colorado. Dans la colère du moment, Lindsay a bien failli dire non jusqu’à ce que l’instinct de sa maman s’impose. « Tu dois rester à la maison », lui a-t-elle recommandé, conseil qu’il a judicieuse­ment accepté. Lindsay, qui n’a même pas reçu d’invitation au « Combine » en raison de son petit gabarit (5 pi 8 po, 190 lb), n’a bénéficié d’aucun passe-droit. Au camp d’entraîneme­nt, il a dû rivaliser avec les deux autres porteurs repêchés, dont Royce Freeman, choix de troisième ronde du programme d’Oregon et qui semblait voué à un avenir plus prometteur.

Lindsay s’est toutefois imposé dès ses premiers pas avec l’équipe, faisant écarquille­r des yeux.

SOLIDE CONTRIBUTE­UR

Depuis, l’improbable histoire se poursuit. Si les Broncos sont encore bien en vie, eux qui coulaient à pic avec un dossier de 3-6 il y a deux semaines, c’est en partie grâce à leur trouvaille.

Lindsay, lors de deux matchs lors desquels les Broncos s’avéraient largement négligés face aux Chargers et Steelers, a offert d’épiques performanc­es en amassant 189 verges (7,6 par portée) et trois touchés. Il a répété dimanche dernier avec 152 verges et est devenu le premier porteur depuis Fred Taylor, en 2007, avec trois matchs de suite avec une moyenne d’au moins 7 verges par portée. Pas un porteur recrue n’avait réussi pareil exploit depuis Jerome Bettis, en 1993 !

Il est d’ailleurs difficile de comprendre que les Broncos, malgré ses succès répétés, ne lui remettent le ballon que 12,8 fois par match. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi de ménager leur homme pour qu’il s’adapte aux rigueurs de la NFL, mais Lindsay s’est établi comme un solide contribute­ur offensif dans toutes les phases de jeu.

À ce rythme, il devrait briser le record établi par l’ancien des Colts, Dominic Rhodes, en 2001, qui avait couru pour 1104 verges à titre d’agent libre recrue. Lindsay est en voie d’amasser 1249 verges au sol.

Ce n’est pas rien ! Barkley sera probableme­nt l’élu comme recrue offensive par excellence, mais il faut considérer que Lindsay récolte 6,3 verges en moyenne chaque fois qu’il touche au ballon, contre 5,8 pour Barkley. Et surtout, les Broncos sont encore dans la course, contrairem­ent aux Giants.

En ajoutant Lindsay à une cuvée de recrues qui inclut Freeman, le receveur Courtland Sutton et l’ailier défensif Bradley Chubb, le futur des Broncos s’annonce grandiose.

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PHOTO D’ARCHIVES Phillip Lindsay est l’unique porteur de ballon figurant parmi les 10 meilleurs du circuit qui ne porte pas le ballon au moins 15 fois par match.
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