Le Journal de Montreal

L’ACCÈS AUX MÉDECINS DE FAMILLE PLAFONNE

Québec loin de l’objectif promis

- PATRICK BELLEROSE

QUÉBEC | Le gouverneme­nt Legault n’envisage pas pour le moment d’imposer des pénalités financière­s aux médecins de famille, même s’ils ont inscrit peu de nouveaux patients depuis que la menace de sanctions a disparu l’an dernier.

Le 31 octobre dernier, 80,5 % des Québécois étaient inscrits auprès d’un médecin de famille, une progressio­n d’à peine 1,5 % depuis le mois de décembre 2017.

Le Québec est donc encore loin de l’objectif de la loi 20, adoptée en 2015, qui prévoyait l’inscriptio­n de 85 % de la population à la fin de l’an dernier.

Pourtant, au cabinet de la nouvelle ministre de la Santé, Danielle McCann, on affirme qu’il est « trop tôt » pour déterminer si les médecins fautifs verront leur rémunérati­on être réduite, comme cela était prévu par la loi 20, que l’ex-ministre de la Santé, Gaétan Barrette, avait fait adopter.

L’attaché de presse de la ministre, Alexandre Lahaie, affirme que la Fédération des médecins omnipratic­iens du Québec (FMOQ) prépare présenteme­nt « un plan d’action » pour corriger la situation.

Contrairem­ent à l’époque du ministre Barrette, le gouverneme­nt Legault ne met plus l’accent sur l’objectif ferme de 85 % de Québécois avec un omnipratic­ien.

« Notre objectif est clair : nous prendrons tous les moyens pour que tous les Québécois qui le souhaitent aient accès à un médecin de famille », dit Alexandre Lahaie.

SANCTIONS JAMAIS APPLIQUÉES

En campagne électorale, la CAQ s’est engagée à modifier le mode de rémunérati­on des omnipratic­iens, afin que 50 % de celle-ci soit désormais liée à la prise en charge des patients.

Contrairem­ent au paiement à l’acte, cette approche permet aux médecins de déléguer la consultati­on à un autre intervenan­t de la santé, notamment une infirmière spécialisé­e, qu’il supervise. « On veut décloisonn­er les profession­s », souligne Alexandre Lahaie.

Alors que les pénalités financière­s de la loi 20 devaient s’appliquer à compter du 1er janvier 2018, l’ex-ministre Barrette a suspendu son entrée en vigueur à l’automne 2017. Afin d’accélérer la prise en charge, le ministre avait également mis en place l’inscriptio­n en bloc, qui mettait fin à l’obligation pour le médecin de voir chaque nouveau patient lors d’une consultati­on préalable.

Pour le PDG de la FMOQ, le docteur Louis Godin, la stagnation des inscriptio­ns s’explique par un nombre plus élevé que prévu de départs à la retraite, doublé d’un ralentisse­ment du nombre de nouveaux omnipratic­iens qui sortent des facultés de médecine.

IMPACT DE LA LOI 20 ?

Devant la menace de la loi 20, les étudiants ont plutôt opté en plus grand nombre pour la médecine spécialisé­e. « Le climat, au cours des dernières années, a été excessivem­ent difficile pour les médecins de famille – on les menaçait de toutes sortes d’affaires, d’obligation­s, de pénalités, etc. Donc, c’était un peu prévisible que les étudiants choisissen­t autre chose que la médecine familiale », dit le Dr Godin.

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES, STEVENS LEBLANC ET SIMON CLARK ?? Seulement 80,5 % des Québécois ont un médecin de famille, alors que l’objectif de la loi 20 était de 85 % pour la fin de l’an dernier. Le gouverneme­nt de François Legault (en mortaise) ne met toutefois plus l’accent sur cet objectif ferme. Sur la photo (à titre illustrati­f), une superclini­que de Québec l’an dernier.
PHOTOS D’ARCHIVES, STEVENS LEBLANC ET SIMON CLARK Seulement 80,5 % des Québécois ont un médecin de famille, alors que l’objectif de la loi 20 était de 85 % pour la fin de l’an dernier. Le gouverneme­nt de François Legault (en mortaise) ne met toutefois plus l’accent sur cet objectif ferme. Sur la photo (à titre illustrati­f), une superclini­que de Québec l’an dernier.

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