Le Journal de Montreal

Après 40 ans, un haut lieu du livre ferme ses portes

Le décès du fondateur force une libraire à abdiquer

- FRANCIS PILON

Une page d’histoire se tourne sur la rue Ontario à Montréal. À la suite de la mort subite de son mari l’année dernière, une libraire mettra la clef sous la porte de son commerce « Le Chercheur de trésors » après 40 années de loyaux services.

« Richard [Gingras] aurait fêté ses 40 ans de libraire le 11 décembre, il a commencé en 1978. On travaillai­t ensemble, mais là, continuer seule, c’est trop. Je suis obligée d’arrêter et de commencer un nouveau chapitre », témoigne Hélène Piché, d’une voix émue en racontant son deuil amoureux.

Durant près de 39 années, M. Gingras a consacré sa vie à chercher des livres rares, des autographe­s et des photos anciennes.

Le savoir du libraire et son expertise lui ont valu une solide réputation auprès des experts dans le domaine. Il a aussi été l’éditeur de la revue « Steak Haché », qui a connu plus de 100 parutions de 1998 à 2007.

LIQUIDATIO­N

Demain, journée de commémorat­ion, l’inventaire total du magasin sera liquidé avec une réduction de 50 %. La vente se terminera à la fermeture définitive du commerce, soit d’ici la fin du mois de décembre.

« On veut vider nos tablettes et on va garder quelques livres pour la vente en ligne sur notre site. Je dois quand même continuer le travail de Richard, même si on n’est plus deux maintenant. Je vis un deuil terrible. Toute son oeuvre et son âme sont ici », explique Mme Piché.

UN INCONTOURN­ABLE

Au fil des décennies, le Chercheur de trésors, qui tient son nom en hommage au premier roman canadien-français publié en 1837 par Philippe Aubert de Gaspé fils, est devenu une référence pour les lecteurs, pour Bibliothèq­ue et Archives nationales du Québec (BAnQ) ainsi que pour les collection­neurs d’oeuvres rarissimes.

« On a plein de livres rares ici. Certains datent du début du 18e siècle. D’autres sont signés par les auteurs et adressés à des personnali­tés publiques. Énormément d’écrivains sont passés et passent toujours ici », indique la libraire.

L’endroit a aussi été fréquenté par les poètes de la contrecult­ure à une certaine époque. Des éditeurs s’y rendaient même pour dénicher de nouvelles recrues, assure Hélène Piché. Les oeuvres littéraire­s de Denis Vanier et de Josée Yvon ont d’ailleurs été exposées durant un long moment à l’intérieur du commerce.

Au moins deux autres librairies fermeront leurs portes d’ici la fin de l’année dans la métropole. Le « Colisée du livre », situé sur l’avenue du MontRoyal, et « Le Puits du livre », sur la rue Masson, se joignent au triste lot.

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PHOTO AGENCE QMI, FRANCIS PILON Hélène Piché tourne les pages d’un des nombreux ouvrages en vente à la librairie Le Chasseur de trésors de la rue Ontario qui va fermer ses portes d’ici la fin de l’année.

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