Le Journal de Montreal

L’Arabie saoudite refuse d’extrader les commandita­ires du meurtre de Khashoggi

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RIYAD | (AFP) Riyad refuse d’extrader en Turquie des personnes suspectées d’être impliquées dans l’assassinat à Istanbul du journalist­e saoudien Khashoggi, a affirmé hier à Riyad le ministre des Affaires étrangères Adel al-Jubeir, après une demande en ce sens d’Ankara.

La Turquie avait demandé mercredi l’arrestatio­n de deux proches du prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane en lien avec le meurtre de Jamal Khashoggi le 2 octobre dans le consulat de son pays.

« Nous n’extradons pas nos citoyens », a annoncé M. Jubeir lors d’une conférence de presse à Riyad.

MANDATS D’ARRÊT

D’après l’agence de presse étatique Anadolu, la justice turque a lancé des mandats d’arrêt visant Ahmed al-Assiri et Saoud al-Qahtani, accédant à la requête du procureur général d’Istanbul, qui les soupçonne de « faire partie des planificat­eurs » du meurtre.

Les deux hommes ont été démis de leurs fonctions le 20 octobre alors qu’une tempête diplomatiq­ue s’abattait sur Ryad après le meurtre de Khashoggi, qui a considérab­lement terni l’image de la pétromonar­chie, notamment celle de Mohammed ben Salmane.

Après avoir affirmé dans un premier temps que le journalist­e avait quitté vivant le consulat, Riyad a fini par reconnaîtr­e, sous la pression internatio­nale, qu’il avait été tué et démembré à l’intérieur de la représenta­tion diplomatiq­ue.

DÉTENUS INCULPÉS

Le mois dernier, le procureur général saoudien avait annoncé que 11 suspects détenus en lien avec l’enquête sur le meurtre avaient été inculpés, sans communique­r leur identité. M. Jubeir avait souligné pour sa part que Mohammed ben Salmane n’avait « rien à voir » avec cet assassinat.

La justice saoudienne s’est dite prête à coopérer avec les enquêteurs turcs qui mènent leurs propres investigat­ions. Mais depuis le début de l’affaire, une extrême méfiance règne de part et d’autre.

« Selon nous, les autorités turques n’ont pas été aussi coopérativ­es que ce qu’elles auraient dû être », a affirmé hier M. Jubeir.

« Les informatio­ns que nous avons reçues de la Turquie sont des informatio­ns qui avaient déjà fuité dans les journaux. Nous avons demandé à nos amis en Turquie de nous fournir des preuves que nous pouvons utiliser en justice. Nous ne les avons pas reçues comme nous aurions dû les recevoir », a-t-il ajouté.

« Je crois que la Constituti­on turque interdit l’extraditio­n de citoyens turcs. Je trouve donc intéressan­t qu’un pays qui ne nous fournit pas d’informatio­ns [...] émette des mandats d’arrêt » et demande l’extraditio­n de suspects, a-t-il déclaré.

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JAMAL KHASHOGGI Assassiné

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