ROMA : magnifique
Roma fait largement appel à la nostalgie pour le plus grand plaisir des spectateurs
Après Gravité, Alfonso Cuaron revient à un cinéma plus intimiste et plus contemplatif avec ce Roma en noir et blanc.
On sait que Roma, gagnant du Lion d’or au Festival de Venise et en lice aux Golden Globes dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère, est une exploration partiellement autobiographique de l’enfance du cinéaste mexicain. Mais il serait vain de chercher à démêler le vrai du faux...
C’est que le sujet de Roma n’est pas tant l’enfance du réalisateur que l’existence de Cleo (Yalitza Aparicio), l’une des deux domestiques qui habitent avec cette famille dont on découvre la dynamique au fil des images aux arrière-plans révélateurs d’autant d’indices.
Cleo s’occupe de tout. Elle réveille les quatre enfants de la maisonnée, Sofi (Daniela Demesa), Pepe (Marco Graf), Paco (Carlos Peralta) et Tonio (Diego Cortina Autrey), les habille, les nourrit, va les chercher à l’école. Avec cette connaissance que confère l’intimité domestique, elle anticipe le moindre besoin du maître, Antonio (Fernando Grediaga), de la maîtresse de maison, Sofia (Marina de Tavira), ainsi que de la grand-mère, Teresa (Veronica Garcia), qui habite également là.
Lors de sa journée de congé hebdomadaire, Cleo se rend au cinéma avec Adela (Nancy García García), l’autre domestique à la résidence. Amoureuse de Fermin (Jorge Antonio Guerrero), Cleo couche avec lui et tombe enceinte.
AU SPECTATEUR DE JUGER
Or, on n’est jamais dans le drame, Cuaron adoptant résolument une attitude de voyeur, certes nostalgique, plutôt qu’une de commentateur social. C’est le spectateur qui porte le fardeau de l’interprétation, de l’appréciation de la vie de Cleo, membre servile de cette famille qui ira en se désagrégeant.
C’est l’émotion du spectateur qui fait cruellement défaut dans cette production de 135 minutes. Le recul du réalisateur, scénariste, directeur de la photographie et monteur empêche l’investissement du cinéphile qui contemple ces tranches de vie, désormais reléguées à la nostalgie pour qui les a vécues du bon côté de la clôture sociale.