Le Journal de Montreal

Qu’est-ce que l’Église connaît au sexe ?

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Donc, si je comprends bien, l’archevêché de Montréal s’est dissocié du manuel de l’abbé Gendreau et du docteur Ayas qui demandait aux parents de retirer leurs enfants du cours d’éducation à la sexualité.

Mais l’archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, a affirmé qu’il soutenait les parents qui veulent s’occuper euxmêmes de l’éducation de leurs enfants.

En d’autres mots : on n’est pas d’accord avec le livre qui vous encourage à retirer vos enfants de ce cours, mais si vous décidez de retirer vos enfants de ce cours, on va vous soutenir. Euh… De kessé ?

PARLER EN PARABOLES

Je comprends que l’Église catholique aime les paradoxes.

Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont la même et unique personne, une vierge a donné naissance à un enfant, un prophète qui prône la violence punit les vendeurs du temple à coups de fouet, le Père est le père de son fils et le fils de son père, le pain est un pain, mais peut devenir le corps du Christ, etc.

Mais il me semble qu’il y a une limite à parler des deux côtés de la bouche.

L’archevêque de Montréal est-il contre le cours d’initiation à la sexualité ? Si oui, qu’il le dise clairement et qu’il cesse de parler en paraboles obscures qui signifient une chose et son contraire.

Ou alors qu’il ne dise rien, tiens.

Car s’il y a une institutio­n qui est très mal placée pour parler de sexualité, et encore plus de sexualité des enfants, c’est bien l’Église catholique !

La seule chose que l’Église catholique a été capable de faire, quand elle apprenait que certains de ses serviteurs étaient des prédateurs sexuels hyper dangereux, a été de fermer les yeux et de les changer de paroisse, pour qu’ils puissent recommence­r leur manège en toute quiétude !

Demander à l’Église catholique comment on devrait parler de sexualité aux enfants, c’est, au mieux, demander à Stevie Wonder de donner des cours de peinture.

Ou, au pire, nommer Dracula à la tête d’une banque de sang.

L’ART DU 69

À entendre certaines personnes, le nouveau cours de sexualité a été créé pour montrer aux enfants de six ans à maîtriser la technique du 69 et l’art de la brouette thaïlandai­se. On se calme ! On va juste leur apprendre à dire « pénis » au lieu de « didine ».

Et à les protéger des vieux cochons qui veulent leur mettre la main aux fesses.

Tiens, c’est peut-être pour ça que l’Église n’est pas enthousias­te face à ce cours.

Les prêtres pédophiles préfèrent que les enfants soient vierges, purs et innocents.

Comme ça, ils sont plus facilement manipulabl­es.

Quand j’étais enfant, le curé de la paroisse est venu voir mon père pour lui dire qu’il « empêchait la famille » en ne faisant pas assez d’enfants (j’ai une soeur aînée, c’est tout).

Mon père l’a pris par la soutane et l’a sacré dehors en lui disant : « Je ne te dis pas quoi faire dans ton église, viens pas me dire quoi faire dans ma maison ! »

À partir de ce jour, mon père est devenu mon héros.

Et la phrase qu’il a lancée au curé, ma devise.

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