Le Journal de Montreal

Des voix républicai­nes se lèvent contre la déclaratio­n d’urgence

Cette sortie du « shutdown » risque de provoquer une tempête politico-judiciaire

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WASHINGTON | (AFP) Donald Trump doit-il déclarer l’urgence, comme il l’a évoqué, afin d’ériger un mur à la frontière avec le Mexique ? Porte de sortie potentiell­e au plus long « shutdown » de l’histoire des États-Unis, l’idée déplaît jusque dans les rangs républicai­ns.

« Si nous le faisons, cela se jouera au tribunal et le mur ne sera pas construit », a mis en garde hier sur CNN le républicai­n Ron Johnson, chef de la commission du Sénat sur la sécurité intérieure, disant qu’il « détesterai­t » voir M. Trump recourir à une procédure d’urgence exceptionn­elle.

Une loi votée en 1976, le National Emergencie­s Act, autorise le président des ÉtatsUnis à invoquer une « urgence » nationale pour activer des pouvoirs extraordin­aires qui permettrai­ent à l’actuel occupant de la Maison-Blanche de contourner le Congrès et de s’appuyer sur l’armée pour construire l’édifice qu’il réclame.

Après 24 heures d’intenses spéculatio­ns à Washington, M. Trump n’avait finalement pas annoncé le recours à cette loi lors de son allocution solennelle mardi depuis le Bureau ovale, avant d’affirmer vendredi qu’il n’avait pas l’intention de le faire « si vite ».

SOLUTION FACILE

Déclarer l’urgence nationale face à la « crise humanitair­e et sécuritair­e » se jouant selon lui à la frontière sud serait pourtant « la solution de facilité », avait-il avancé, quand bien même l’usage d’une telle prérogativ­e plongerait, à coup sûr, le pays dans une tempête politico-judiciaire.

« Nous ne voulons pas en venir à une déclaratio­n d’urgence nationale », a confié hier sur ABC Steve Scalise, numéro deux républicai­n à la Chambre des représenta­nts.

« La loi autorise clairement le président à le faire, mais il a dit qu’il ne voulait pas en arriver là. Il veut que le Congrès résolve ce problème. »

« ILS PRENNENT DU BON TEMPS »

Mais alors que le « shutdown » qui paralyse partiellem­ent les administra­tions fédérales américaine­s entrera aujourd’hui dans sa quatrième semaine ouvrée, aucune solution politique ne semble se profiler à l’horizon enneigé de la capitale.

« Je suis à la Maison-Blanche, à attendre. Les démocrates sont partout sauf à Washington alors que les gens attendent d’être payés. Ils prennent du bon temps et ne discutent même pas ! » a tweeté hier matin Donald Trump.

Pour la première fois vendredi, les 800 000 fonctionna­ires fédéraux affectés par le « shutdown » n’ont pas touché leur salaire.

Et tandis que 53 % des Américains rejettent sur M. Trump et les républicai­ns la responsabi­lité de cette impasse politique (contre 29 % sur les démocrates) selon un sondage publié samedi par le Washington Post et ABC News, le président a reconnu, tout en le minimisant, l’impact de la fermeture du gouverneme­nt.

« Les dégâts causés à notre pays par une frontière sérieuseme­nt poreuse [...] sont nettement plus grands que ceux d’un “shutdown” », a-t-il estimé sur Twitter, ajoutant que les démocrates pouvaient « facilement régler la crise dès qu’ils seraient de retour à Washington ».

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