Le Journal de Montreal

Pour retrouver sa fille, elle souhaite rencontrer le premier ministre Trudeau

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AGENCE QMI | L’accueil par le Canada d’une Saoudienne de 18 ans qui a fui la violence familiale dans son pays ravive des sentiments douloureux pour la mère d’une Québécoise, prise en Arabie saoudite depuis maintenant 13 ans.

Johanne Durocher, mère de Nathalie Morin, salue cette initiative d’Ottawa, mais en même temps, elle se demande pourquoi le gouverneme­nt canadien n’agit pas de la même façon pour sa fille.

« Je ne suis pas capable de regarder ça à la télévision. J’ai l’impression de voir une espèce de setting où le Canada se montre très généreux, comme le bon pays, mais pendant ce temps-là, ils ne font rien pour ma fille et mes petits-enfants », a-t-elle lâché au micro de Benoit Dutrizac sur QUB radio.

« COUP POLITIQUE »

D’ailleurs, l’accueil au pays de Rahaf Mohammed al-Qunun samedi à l’aéroport Pearson de Toronto par la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland est qualifié de « coup politique » par des experts.

Pour Ferry de Kerckhove, ancien ambassadeu­r et politologu­e à l’université d’Ottawa, « c’est très bon sur le plan humanitair­e, mais c’est aussi un très très bon coup pour le premier ministre et pour le Canada ».

« Il fallait voir le sourire radieux de Mme Freeland quand elle a accueilli la jeune femme, on sentait qu’ils avaient marqué un point de plus contre ces “horribles Saoudiens” qui ont dépecé (le journalist­e Jamal) Khashoggi », a-t-il déclaré à l’AFP.

Mme Durocher déplore que le gouverneme­nt Trudeau « n’ait jamais rien fait jusqu’à présent » pour l’aider.

« Le gouverneme­nt canadien n’ose rien. On dirait qu’il espère quasiment la rencontrer dans la rue pour lui demander comment ça va », a-t-elle affirmé sur QUB radio.

La mère souhaite rencontrer le premier ministre Justin Trudeau dans les prochains jours pour lui demander quel est le plan de match précis du Canada dans le dossier de sa fille.

PAS DE NOUVELLES

Depuis plusieurs mois, Mme Durocher est sans nouvelles de sa fille et de ses petits-enfants. Même ses amies n’arrivent pas à la contacter.

« Pour moi, c’est un scandale, ce qui se passe. Je ne suis pas capable d’accepter ça. Ça me choque et ça me fait pleurer. Ça me met dans tous mes états », a-t-elle avoué.

Selon elle, un cas de la sorte ne se serait jamais produit auparavant. « Avant, le gouverneme­nt canadien aurait contacté quelqu’un en Arabie saoudite et [le conjoint de Nathalie] n’aurait eu d’autre choix que de nous laisser lui parler », a-t-elle expliqué.

C’est au Québec que Nathalie Morin a rencontré son conjoint, avant de le suivre jusqu’en Arabie saoudite. Elle a eu quatre enfants avec lui.

Elle est incapable de quitter le pays, car elle a besoin du consenteme­nt de son mari pour le faire. Nathalie Morin a maintes fois soutenu être victime d’oppression et de sévices.

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PHOTO AFP Samedi dernier à Toronto, la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland (à droite) avait accueilli chaleureus­ement la Saoudienne Rahaf Mohammed al-Qunun.
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NATHALIE MORIN Sans nouvelles

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