Le Journal de Montreal

Psycho / Lecourier

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Comment sortir des griffes de ma mère ?

J’ai vécu chez ma mère jusqu’à la fin de mes longues études, totalement assumées par ma mère. Ce n’est que l’an dernier, à 28 ans, que je suis partie en appartemen­t, au grand dam de ma mère qui aurait préféré que je reste avec elle. Je devais prendre cette décision si je voulais m’émanciper un peu et donner une chance au couple que je formais alors avec mon copain. Ça a foiré, mais j’ai maintenu ma décision malgré les pressions de ma mère pour que je rentre au bercail.

Je sais que je dois tout à ma mère, mais c’est comme si elle voulait me le marteler très fort pour que je me soumette à sa volonté en guise de remercieme­nts pour services rendus. Je ne crois pas être égoïste, bien qu’elle tente par tous les moyens de me le faire admettre depuis que je lui ai avoué que ma volonté de prendre un appartemen­t était mue par mon désir de faire ma vie avec un homme.

Elle ne comprend pas que je rejette une offre aussi intéressan­te financière­ment que celle de vivre chez elle à ses frais, et profite de ma rupture avec mon copain pour tenter de faire miroiter à nouveau l’intérêt que j’aurais à revenir vivre avec elle. Certains jours, je suis sur le point de flancher et certains autres, je sens le piège qui se refermerai­t sur moi si j’acceptais. Déjà qu’elle décide de tout pour moi, en partant de ma garde-robe jusqu’au décor de mon lieu de vie en passant par la marque de ma voiture, j’aurais l’impression de régresser. Comme ma mère n’a jamais eu d’homme dans sa vie pour se consacrer à moi, que je ne connais même pas mon géniteur, ai-je tort selon vous de la priver de la présence de la seule personne qui importe dans sa vie ? Anonyme

Oh que non, vous n’avez pas tort ! Vous avez posé votre premier geste d’émancipati­on en quittant le nid familial et il faut poursuivre dans cette voie si vous voulez vous réaliser pleinement. Aucun enfant n’appartient à son ou ses parents, et la seule façon d’atteindre votre autonomie d’adulte pour construire votre propre vie, c’est d’en assumer la pleine responsabi­lité. Ce fut le choix de votre mère de vous consacrer sa vie, pas le vôtre. Dans cet esprit, je vous conseille aussi fortement de veiller désormais à faire vos choix en tout ce qui concerne votre vie.

Quoi penser de l’odeur du fumier ?

Elle m’a choquée, la lettre de la dame qui se plaignait d’être forcée de sentir l’odeur du fumier qui engraisse la terre au printemps, depuis qu’elle avait déménagé en zone rurale. Je viens moi-même de la campagne et je peux affirmer que cette odeur n’est là que quelques jours par année. Des jours qui sont d’ailleurs annonciate­urs de si belles récoltes à venir.

Si cette dame réfléchiss­ait un peu, elle verrait bien le ridicule de son commentair­e. Sans fumier pour engraisser la terre, on dit adieu aux belles récoltes de blé pour faire le pain et de légumes pour les sauces et potages. Je lui conseiller­ais d’aller faire un tour dans certains pays d’Europe où l’utilisatio­n de purin est répandue. Elle constatera­it bien vite à quel point elle est mieux avec l’odeur du fumier. Quand on trouve à critiquer pour si peu, on peut se demander ce qu’elle critiquait quand elle était en ville. Mon coeur est resté en milieu rural

Vous savez que je partage votre opinion. Mais votre dernière phrase m’a rappelé les propos de la femme de ménage d’une connaissan­ce qui habitait au coin de Rachel et Saint-Denis dans la grosse circulatio­n, et qui disait toujours quand elle allait travailler à sa maison de campagne en pleine nature : « Dieu du ciel que les oiseaux font du bruit le matin, ils m’empêchent de dormir!»

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