Une affaire qui remonte à 1993
Le producteur et animateur déchu risque jusqu’à 10 années d’incarcération s’il est reconnu coupable
Déchu de son statut de vedette après des allégations d’inconduites, Éric Salvail devra maintenant se défendre devant le tribunal, où il est accusé de harcèlement, de séquestration et d’agression sexuelle pour des événements qui remontent à 1993.
Visé par un mandat d’arrestation, le producteur et animateur de télé a été interpellé hier à son retour de Floride, où il avait passé les dernières semaines dans une de ses luxueuses propriétés de Pompano Beach, qu’il tente maintenant de vendre (voir autre texte).
« Il s’est présenté au poste de police avec son avocat afin de rencontrer les enquêteurs, avec qui il avait rendez-vous », a dit hier le porte-parole de la police de Montréal Raphaël Bergeron.
Après son passage dans les locaux du SPVM, Salvail ne se serait pas rendu à son condo de Saint-Lambert, selon ce qu’a pu constater Le Journal. Selon nos informations, la propriété de 6000 pieds carrés sur deux étages est présentement en rénovations.
CHUTE BRUTALE
Salvail, 49 ans, était omniprésent dans le paysage médiatique québécois avec entre autres ses émissions En Mode Salvail, Les recettes pompettes ou Éric et les fantastiques.
Mais tout l’empire qu’il a créé au fil des ans s’est effondré en octobre 2017, dans la foulée du mouvement #MoiAussi, quand La Presse a publié un reportage relatant plusieurs témoignages accusant Salvail d’inconduite sexuelle sur les lieux de son travail.
La chute du populaire animateur a été brutale : il a non seulement perdu ses émissions à V et à la station radio Rouge, mais il a ensuite vendu ses parts de son entreprise Salvail & CO pour se retirer du monde artistique.
VICTIME UNIQUE
À la suite de sa rencontre avec les enquêteurs hier, Salvail a été libéré sous promesse de comparaître le 15 février prochain au palais de justice de Montréal. Il devra alors répondre de trois chefs d’accusation concernant la même victime, uniquement identifiée par les initiales D.D.
On ignore si la victime est un homme ou une femme, tout comme les détails concernant les crimes allégués, tous survenus entre avril et novembre 1993.
À l’époque, Salvail commençait à peine sa carrière télévisuelle comme animateur de foule pour des émissions populaires.
« La séquestration signifie que l’accusé aurait limité la liberté de mouvement de la victime, de façon physique ou psychologique », explique l’avocat criminaliste Tom Pentefountas.
Le Code criminel en vigueur en 1993 prévoit un maximum de 10 années d’incarcération pour chacune des accusations. Il n’y a pas de peine minimum.
Ces accusations s’ajoutent ainsi aux déboires de Salvail, qui fait également face à un recours de plus de 720 000 $ déposé par des ex-employés de l’émission En mode Salvail pour des salaires impayés.
Dans le document de cour, l’Association québécoise des techniciens et techniciennes de l’image et du son allègue des « conséquences financières très lourdes pour les équipes techniques [qui se sont] retrouvées le bec à l’eau sans préavis alors que leurs services étaient requis pour une saison complète ».
– Avec la collaboration d’Antoine Lacroix