TÉMOIGNAGE D’UNE ORPHELINE COURAGEUSE
Ses parents tués sous ses yeux par un chauffard
SAINT-HYACINTHE | Une adolescente de 15 ans devenue orpheline lorsqu’un chauffard a violemment percuté la voiture de sa famille a témoigné avec aplomb hier au procès de l’homme qui aurait tué ses parents en conduisant en état d’ébriété.
Se tenant droite, Anakyme Brousseau a relaté dans un français impeccable et avec une clarté surprenante les détails de la soirée qui a bouleversé sa vie à jamais.
Le 9 novembre 2016, elle s’est rendue à un rendez-vous chez le podiatre avec ses parents Pierre Junior Brousseau et Émilie Fortin.
Sur le chemin du retour vers son domicile de Chambly, la famille a été heurtée de plein fouet par une Hyundai Elantra en s’engageant dans l’intersection du rang Nord-Ouest et de la route 116 – aussi appelée boulevard Laurier à Sainte-Marie-Madeleine, en Montérégie.
L’impact a été si violent que le moteur de la Mazda 3 des victimes a été éjecté de la carcasse et s’est retrouvé « une centaine de pieds » plus loin.
Le couple dans la trentaine n’a eu aucune chance alors qu’Anakyme s’en est tirée avec des blessures au front, à l’oreille gauche et à une hanche.
« ELLE HURLAIT »
Après une brève perte de conscience, l’adolescente a réussi malgré tout à sortir du véhicule sans aide.
« La jeune fille était complètement désorientée, elle hurlait. Elle s’est dirigée vers moi, puis elle est retournée vers le véhicule et elle s’est étendue par terre », a raconté hier Jean-François Bujold, le premier témoin arrivé sur les lieux de la collision.
Même si elle était assise à l’arrière de la voiture, la jeune fille se souvient de la météo, de l’éclairage, du silence qui régnait dans l’habitacle et du dernier mot de sa mère.
« ATTENTION ! »
« Mon père a regardé à gauche et à droite, et il s’est engagé. Ma mère a dit : “Attention !” et la voiture était déjà sur nous. Ça s’est passé en une fraction de seconde. Mon père n’a pas eu le temps de rien faire », a-telle détaillé, devant le juge Stéphane Godri.
Pendant le témoignage de l’ado, l’accusé David Leblanc se tâtait nerveusement la barbe, assis dans la première rangée.
L’homme de 36 ans subit actuellement son procès au palais de justice de Saint-Hyacinthe. Il est inculpé de conduite avec les facultés affaiblies ayant causé la mort et des lésions.
Bien qu’il n’ait été accusé qu’un an après la collision, Leblanc a été placé en état d’arrestation le soir même par l’agente Stéphanie Bourdon, de la Sûreté du Québec.
À l’arrivée de la policière, le jeune homme était toujours encagé dans son véhicule, coincé derrière le volant.
Pendant que les pompiers s’affairaient à le sortir de sa fâcheuse position, l’agente Bourdon a remarqué la présence d’une caisse de 12 bières au sol, du côté passager.
La majorité des bouteilles de verre avaient été fracassées lors de l’impact, mais la policière a noté la présence d’une bière intacte dans le porte-gobelet de la console centrale de la voiture.
La Budweiser était décapsulée et presque vide. La patrouilleuse a ensuite constaté qu’une odeur d’alcool se dégageait de l’haleine de Leblanc, même s’il avait un masque à oxygène sur le visage.
Une prise de sang subséquente aurait démontré un taux de 115 mg, soit près d’une fois et demie la limite permise pour conduire.
Le procès se poursuit aujourd’hui.