Le Journal de Montreal

Une retraite qui s’envole en fumée

Le propriétai­re d’une boutique spécialisé­e dans les objets rétro a tout perdu dans un brasier à Sorel-Tracy

- AXEL MARCHAND-LAMOTHE

Un juriste qui avait quitté son boulot pour se consacrer à sa passion pour le vintage a vu 20 ans de collection et son projet de retraite partir en fumée la nuit dernière à Sorel-Tracy.

« C’est la fin d’un sentiment de liberté. Ce n’était vraiment pas un travail », laisse tomber Victorien Pilote, propriétai­re de Maximum 80, une boutique spécialisé­e à mi-chemin entre le musée et le magasin d’antiquités.

Dans la nuit de dimanche à hier, un violent incendie a complèteme­nt ravagé l’immeuble qui abritait sa caverne d’Ali Baba remplie d’objets rétro de toutes sortes et une douzaine de logements.

Les pompiers de Sorel-Tracy, épaulés par ceux des environs, ont mis 13 heures pour venir à bout du brasier par un froid de -20 degrés Celsius. Au petit matin, il ne restait que des ruines de ce temple du kitsch.

20 ANS DE COLLECTION

Il y a presque deux ans jour pour jour, en février 2017, l’homme de 55 ans avait reçu les clés de son local de la rue Augusta et se lançait dans ce projet de préretrait­e.

« Ce n’est pas facile à constituer. Je sélectionn­ais les objets en parcourant le Québec pour leur qualité. C’était sept jours sur sept », confie celui qui travaillai­t précédemme­nt comme recherchis­te juridique pour le Syndicat canadien de la fonction publique.

S’il collection­nait depuis 20 ans des icônes des années 1950 à 1980, sa passion l’a amené à avoir pignon sur rue et partager ses trouvaille­s « prêtes à l’emploi ».

Il cite en exemple les ensembles de salle à manger Tulip ou les lampes Arco qui ont marqué toute une génération.

« On faisait appel à la nostalgie. Il y a des gens qui s’arrêtaient juste pour visiter. Certains disaient que nous avions l’une des plus belles boutiques vintage au Québec », affirme-t-il non sans une certaine fierté.

IRREMPLAÇA­BLE

Cependant, le plus grand chagrin pour l’antiquaire-collection­neur, ce sont les souvenirs maintenant disparus de sa carrière comme artiste peintre.

« Mes tableaux personnels, je considère que c’est ma plus grosse perte. Ce sont des choses que je ne pourrai pas remplacer », lance-t-il avec une profonde tristesse dans la voix.

Malheureus­ement, M. Pilote n’était pas assuré en raison du caractère particulie­r de sa galerie « d’objets usagés », ce qui aurait nécessité une évaluation en continu des pièces de son inventaire.

« J’avais investi toutes mes énergies là-dedans. Je ne sais pas à quel point c’est réaliste de recommence­r à zéro », explique-t-il.

La réputation de la boutique et la personnali­té de son coloré propriétai­re ont généré une vague de solidarité pour l’aider à se remettre sur pied.

« Ça me touche beaucoup, mais il y a d’autres gens qui se retrouvent devant rien avec les logements qui ont brûlé », tempère finalement M. Pilote. Voyez d’autres photos de collection sur notre site web jdem.com/maximum

 ?? PHOTOS COLLABORAT­ION SPÉCIALE, STEVE GAUTHIER, COURTOISIE ANOUCHKA RAYMOND, ET TIRÉES DE FACEBOOK ?? 1. L’incendie a complèteme­nt ravagé l’édifice de la rue Augusta à Sorel-Tracy. 2. Hier matin, il ne restait plus rien du bâtiment qui comptait aussi une douzaine de logements. 3. La boutique Maximum 80 se consacrait aux objetsvint­age et rétro. 4. Victorien Pilote pose devant son commerce qu’il avait lancé comme préretrait­e. 1
PHOTOS COLLABORAT­ION SPÉCIALE, STEVE GAUTHIER, COURTOISIE ANOUCHKA RAYMOND, ET TIRÉES DE FACEBOOK 1. L’incendie a complèteme­nt ravagé l’édifice de la rue Augusta à Sorel-Tracy. 2. Hier matin, il ne restait plus rien du bâtiment qui comptait aussi une douzaine de logements. 3. La boutique Maximum 80 se consacrait aux objetsvint­age et rétro. 4. Victorien Pilote pose devant son commerce qu’il avait lancé comme préretrait­e. 1
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