La Banque Royale est aux trousses d’un cadre de la Caisse de dépôt
Edmondo Marandola agissait comme promoteur immobilier même s’il était en faillite
La Banque Royale vient de faire saisir les actions d’un cadre de la Caisse de dépôt dans un projet immobilier, après avoir appris dans Le Journal qu’il est promoteur même s’il est en faillite.
Ce cadre, Edmondo Marandola, a été suspendu mardi après que notre Bureau d’enquête eut informé la Caisse de dépôt et placement du Québec qu’il était promoteur en plus d’être économiste chez Otéra Capital.
Otéra est la filiale de financement immobilier de la Caisse.
En entrevue, Edmondo Marandola a admis avoir investi « 75 000 $ à 80 000 $ » dans le projet de transformation de la maison des Soeurs de la Miséricorde, à Montréal, en résidence pour personnes âgées.
Les responsables de la Royale n’entendaient pas à rire cette semaine en lisant l’article que Le Journal a publié sur lui.
Cet économiste de la Caisse doit plus d’un demimillion de dollars à la Banque après une faillite douteuse qui remonte à 2006.
La Royale a donc fait saisir jeudi ses actions de la compagnie à numéro chargée du projet à la maison des Soeurs de la Miséricorde.
Depuis 2014, la Banque touche déjà près de 30 % du salaire de l’économiste d’Otéra directement auprès de son employeur, paye après paye, en vertu de la saisie de son salaire.
ADMINISTRATEUR EN FAILLITE
Edmondo Marandola a été président, puis secrétaire de la compagnie chargée du projet de résidence, jusqu’à ce qu’il se retire officiellement de ses fonctions, le 14 février dernier.
Le Code civil prévoit pourtant qu’un administrateur ne peut exercer ses fonctions s’il est en faillite, comme c’est son cas.
Contactée par notre Bureau d’enquête, l’avocate de la Banque Royale, Lyne Guil beault, a refusé de commenter, tout comme le directeur des relations publiques de l’institution financière, Denis Dubé.
Otéra n’a pas répondu à nos questions non plus.
« Dans la foulée de l’enquête indépendante lancée par la Caisse, M. Edmondo Marandola a été suspendu, et ce, pour la durée de l’enquête, a simplement déclaré la viceprésidente aux Affaires juridiques, Mélanie Charbonneau. Les conclusions de cette enquête seront rendues publiques. »
Edmondo Marandola n’a pas rappelé pour s’expliquer, hier.
Les déboires financiers d’Edmondo Marandola ne datent pas d’hier. La Banque Royale a obtenu dès 2005 un jugement de 400 000 $ après la faillite douteuse de deux de ses entreprises qu’il cautionnait. Avec les intérêts et les frais qui se sont ajoutés avec le temps, il lui doit maintenant 562 427 $, selon l’avis d’exécution qu’a obtenu notre Bureau d’enquête.
DE GROS EMPRUNTS
La Banque Royale avait accordé en 2004 deux prêts totalisant 1,2 M$ à deux compagnies d’Edmondo Marandola et de son partenaire, André Mailloux, Services techniques J.L. Laliberté inc. et Kaveda inc. Mal lui en prit. « Aux mois d’avril et mai qui suivent, les chèques sans provisions s’annoncent, les recevables s’avèrent inexistants, Marandola disparaît, et d’autres données du bilan de Mailloux s’avèrent fausses », dit un jugement de la Chambre commerciale.
Comme ils avaient cautionné les prêts des entreprises, les deux partenaires ont fait faillite.
André Mailloux en était à son troisième dépôt de bilan. En entrevue en début de semaine, Edmondo Marandola l’a qualifié de « voleur de grand chemin » qui lui a fait croire « plein de choses ».
L’économiste chez Otéra a fait faillite en juin 2006… un mois après son embauche à la Caisse de dépôt. Vous avez des informations sur ce qui se passe à la Caisse de dépôt ? Contactez-moi en toute confidentialité à hugo.joncas@quebecormedia.com ou au 438-396-5546.