Le Journal de Montreal

La Banque Royale est aux trousses d’un cadre de la Caisse de dépôt

Edmondo Marandola agissait comme promoteur immobilier même s’il était en faillite

- HUGO JONCAS, PHILIPPE LANGLOIS ET ANDREA VALERIA

La Banque Royale vient de faire saisir les actions d’un cadre de la Caisse de dépôt dans un projet immobilier, après avoir appris dans Le Journal qu’il est promoteur même s’il est en faillite.

Ce cadre, Edmondo Marandola, a été suspendu mardi après que notre Bureau d’enquête eut informé la Caisse de dépôt et placement du Québec qu’il était promoteur en plus d’être économiste chez Otéra Capital.

Otéra est la filiale de financemen­t immobilier de la Caisse.

En entrevue, Edmondo Marandola a admis avoir investi « 75 000 $ à 80 000 $ » dans le projet de transforma­tion de la maison des Soeurs de la Miséricord­e, à Montréal, en résidence pour personnes âgées.

Les responsabl­es de la Royale n’entendaien­t pas à rire cette semaine en lisant l’article que Le Journal a publié sur lui.

Cet économiste de la Caisse doit plus d’un demimillio­n de dollars à la Banque après une faillite douteuse qui remonte à 2006.

La Royale a donc fait saisir jeudi ses actions de la compagnie à numéro chargée du projet à la maison des Soeurs de la Miséricord­e.

Depuis 2014, la Banque touche déjà près de 30 % du salaire de l’économiste d’Otéra directemen­t auprès de son employeur, paye après paye, en vertu de la saisie de son salaire.

ADMINISTRA­TEUR EN FAILLITE

Edmondo Marandola a été président, puis secrétaire de la compagnie chargée du projet de résidence, jusqu’à ce qu’il se retire officielle­ment de ses fonctions, le 14 février dernier.

Le Code civil prévoit pourtant qu’un administra­teur ne peut exercer ses fonctions s’il est en faillite, comme c’est son cas.

Contactée par notre Bureau d’enquête, l’avocate de la Banque Royale, Lyne Guil beault, a refusé de commenter, tout comme le directeur des relations publiques de l’institutio­n financière, Denis Dubé.

Otéra n’a pas répondu à nos questions non plus.

« Dans la foulée de l’enquête indépendan­te lancée par la Caisse, M. Edmondo Marandola a été suspendu, et ce, pour la durée de l’enquête, a simplement déclaré la viceprésid­ente aux Affaires juridiques, Mélanie Charbonnea­u. Les conclusion­s de cette enquête seront rendues publiques. »

Edmondo Marandola n’a pas rappelé pour s’expliquer, hier.

Les déboires financiers d’Edmondo Marandola ne datent pas d’hier. La Banque Royale a obtenu dès 2005 un jugement de 400 000 $ après la faillite douteuse de deux de ses entreprise­s qu’il cautionnai­t. Avec les intérêts et les frais qui se sont ajoutés avec le temps, il lui doit maintenant 562 427 $, selon l’avis d’exécution qu’a obtenu notre Bureau d’enquête.

DE GROS EMPRUNTS

La Banque Royale avait accordé en 2004 deux prêts totalisant 1,2 M$ à deux compagnies d’Edmondo Marandola et de son partenaire, André Mailloux, Services techniques J.L. Laliberté inc. et Kaveda inc. Mal lui en prit. « Aux mois d’avril et mai qui suivent, les chèques sans provisions s’annoncent, les recevables s’avèrent inexistant­s, Marandola disparaît, et d’autres données du bilan de Mailloux s’avèrent fausses », dit un jugement de la Chambre commercial­e.

Comme ils avaient cautionné les prêts des entreprise­s, les deux partenaire­s ont fait faillite.

André Mailloux en était à son troisième dépôt de bilan. En entrevue en début de semaine, Edmondo Marandola l’a qualifié de « voleur de grand chemin » qui lui a fait croire « plein de choses ».

L’économiste chez Otéra a fait faillite en juin 2006… un mois après son embauche à la Caisse de dépôt. Vous avez des informatio­ns sur ce qui se passe à la Caisse de dépôt ? Contactez-moi en toute confidenti­alité à hugo.joncas@quebecorme­dia.com ou au 438-396-5546.

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PHOTOS D’ARCHIVES CHANTAL POIRIER ET COURTOISIE Edmondo Marandola (en mortaise), cadre suspendu d’Otéra, filiale de la Caisse, n’est pas encore libéré de sa faillite de 2006.

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