Ce dépanneur ne veut pas mourir
Les irréductibles proprios refusent de fermer boutique même si le bâtiment fera place à des condominiums
Coincé parmi les décombres d’un immeuble qui doit être démoli pour faire place à des condos, un dépanneur de l’arrondissement Notre-Dame-de-Grâce continue tant bien que mal de servir sa clientèle.
Au milieu d’un bâtiment en cours de démolition, le Xiao Da se dresse comme une forteresse assiégée par le chantier de construction du projet Le Bianca, à l’angle de la rue Sherbrooke et du boulevard Cavendish.
Les propriétaires du petit commerce, qui n’ont pas voulu commenter la situation, refusent de fermer avant que leur bail ne vienne à échéance. Il s’agirait de la seule source de revenus de ceux qui occupent l’endroit depuis une décennie.
ACROBATIES
Quelques clients se risquent tout de même entre les barricades pour faire leurs emplettes, a pu constater Le Journal.
L’entrée de la seule boutique encore présente sur le site est entièrement isolée par des rangées de contreplaqués.
Les anciens locaux occupés par une garderie et un restaurant antillais ont été rasés quelques jours après l’obtention du permis auprès de l’Arrondissement en janvier.
Pour compenser le retrait de l’enseigne, des affiches en carton annonçant que le dépanneur a encore pignon sur rue ont été installées sur les clôtures de fortune.
À l’intérieur, même le plafond a été endommagé à certains endroits par les travaux en cours, a pu constater Le Journal.
L’OMBRE DU CRIME ORGANISÉ
Le complexe de condominiums fait partie de nombreux projets dans lesquels a trempé Tony Magi, un promoteur immobilier associé à la mafia.
La compagnie à numéro propriétaire du projet a enregistré deux répondants pour sa licence à la Régie du bâtiment du Qué- bec : Simon Arabian et Stéphanie-Lee Magi. Cette dernière loge à la même adresse que l’homme d’affaires.
Magi a été abattu le 24 janvier sur le site d’un autre projet de l’entreprise à moins d’un kilomètre de là, au coin de la rue Saint-Jacques et de l’avenue Beaconsfield.
Il avait été vu par les enquêteurs du projet Colisée entrant au café Consenza à Montréal et au bar Laennec à Laval. Les deux endroits étaient considérés comme des repaires du clan Rizzuto.
La compagnie était aussi impliquée dans une partie de l’ensemble résidentiel du Bois des Caryers à LaSalle où une femme a perdu la vie dans un incendie criminel l’été dernier.