Le Journal de Montreal

Hells : poursuivre le gouverneme­nt

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La plupart des 21 demandeurs recherchen­t une indemnité de 8000 $ à 10 000 $ pour chaque jour qu’ils estiment avoir passé « injustemen­t » à la prison centenaire de Bordeaux.

Ils allèguent y avoir vécu dans des conditions « insalubres » en « présence de vermine » et avoir subi du stress causé par « la surpopulat­ion ».

Le Hells Angels Daniel Beaulieu, qui fut libéré en 2015 des accusation­s de complot et de meurtre portées contre lui, est le plus gourmand du lot avec une réclamatio­n supérieure à 16 millions $.

Toutefois, les autorités leur ont fait savoir par écrit qu’elles allaient se défendre et qu’elles n’ont pas l’intention de verser un sou aux motards.

En outre, la Procureure générale argue que les procureurs et les policiers n’ont commis « aucune faute ».

De plus, les défenderes­ses soutiennen­t que les dommages que les motards se plaignent d’avoir subis sont « grossièrem­ent exagérés » et « illégaleme­nt réclamés ».

Dans sa défense, le délateur Boulanger, qui a reçu 2,9 millions $ de la SQ pour retourner sa veste, prétend qu’il « a collaboré de bonne foi » à l’enquête et qu’il « n’a pas menti ».

Rappelons que le 9 octobre 2015, le mégaprocès pour meurtres de cinq Hells Angels avait fini en queue de poisson pour la Couronne quand le juge James Brunton a ordonné l’arrêt des procédures.

Alors que le procès était commencé depuis deux mois, la poursuite venait de divulguer aux avocats de la défense des éléments de preuve qu’ils réclamaien­t depuis quatre ans.

« QUELLE CHANSON TU VEUX ? »

Ces renseignem­ents étaient non seulement susceptibl­es de disculper les accusés du meurtre d’un proche des Rock Machine, Sylvain Reed, mais aussi d’entacher la crédibilit­é du délateur Boulanger.

Ce dernier avait notamment déclaré aux policiers qu’avant d’assommer et d’étrangler Reed, le 12 mars 1997 en Estrie, l’un des motards accusés avait demandé à la victime : « Quelle chanson tu veux écouter avant de mourir ? »

À la suite de ce cafouillag­e, près de 40 motards qui s’étaient déjà reconnus coupables de complot de meurtre ont invoqué avec succès cet abus de procédure auprès de la Cour d’appel du Québec et ont ainsi obtenu d’importante­s réductions de leurs peines.

Me Jean Lortie, qui avait été chargé de mener une enquête interne sur les ratés du volet judiciaire de SharQc, avait conclu en 2016 que les procureurs de la Directrice des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) avaient été « dépassés par le volume d’informatio­ns à gérer ».

Si toute la preuve amassée dans l’opération SharQc avait été imprimée et empilée, elle aurait été d’une hauteur équivalent­e à 371 Empire State Building.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, AXEL MARCHAND-LAMOTHE ?? À eux seuls, Éric Bouffard (3 090 000 $), Frédéric Landry-Hétu (3 750 000 $) et Guy Dubé (3 090 000 $), trois Hells du chapitre South qu’on voit ici sur cette photo alors qu’ils accordaien­t une entrevue au Journal en août dernier, poursuiven­t l’État pour près de 10 millions $.
PHOTO D’ARCHIVES, AXEL MARCHAND-LAMOTHE À eux seuls, Éric Bouffard (3 090 000 $), Frédéric Landry-Hétu (3 750 000 $) et Guy Dubé (3 090 000 $), trois Hells du chapitre South qu’on voit ici sur cette photo alors qu’ils accordaien­t une entrevue au Journal en août dernier, poursuiven­t l’État pour près de 10 millions $.

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