Le Journal de Montreal

Deux religieux accusés d’agressions sur des garçons

- MICHAËL NGUYEN

Pendant que le Vatican tient son vaste sommet sur la lutte à la pédophilie, deux religieux québécois ont été accusés d’avoir agressé des jeunes garçons en Estrie dans les années 1960 et 1970.

Faisant déjà l’objet d’une action collective au civil, les pères Jacques Desgrandch­amps et Paul McKeown, âgés de 86 et 78 ans, devront maintenant se défendre en cour criminelle d’attentat à la pudeur et de grossière indécence sur un garçon chacun.

Selon les mandats d’arrestatio­n, les deux pères auraient commis leurs crimes respectifs alors qu’ils enseignaie­nt au Collège Servite, autrefois connu sous le nom Collège Notre-Dame des Servites.

« SYSTÉMATIQ­UE »

À ce stade-ci des procédures, on ignore les gestes exacts qui sont reprochés aux deux pères. Mais dans l’action collective déposée l’automne dernier, il y est expliqué le cas d’une victime présumée de Desgrandch­amps. Les dates d’infraction­s alléguées coïncident d’ailleurs avec celles dans le mandat d’arrestatio­n.

« [La victime] a été agressée sexuelleme­nt de manière systématiq­ue entre l’âge de 14 et 15 ans, alors qu’il était pensionnai­re au Collège », indique le document de cour.

À l’époque, Desgrandch­amps enseignait l’histoire. Dès la rentrée scolaire de 1976, il aurait gagné la confiance du jeune en lui donnant des biscuits et de l’alcool, pour ensuite l’agresser sexuelleme­nt.

« [La victime] a énormément souffert, peut-on également lire. Elle demeure avec une rage intérieure qui ne l’a malheureus­ement jamais quittée. Il a souffert de plusieurs périodes de dépression récurrente­s au cours des 30 dernières années. »

SUSPENDU

Depuis le dépôt de l’action collective, le père Desgrandch­amps est suspendu de tout ministère de l’Archidiocè­se d’Ottawa où il pratiquait.

Les crimes présumés du père McKeown se seraient, pour sa part, déroulés entre 1968 et 1969, alors qu’il était directeur du Collège.

Ils comparaîtr­ont à des dates différente­s d’ici les prochaines semaines au palais de justice de Sherbrooke.

À ce stade-ci, Desgrandch­amps et McKeown sont les deux seuls religieux servites accusés au criminel. Dans la cause civile, 15 sont visés, ainsi que le Collège à qui il est reproché d’avoir « sciemment fermé les yeux pour protéger leur réputation ».

« [Le Collège] n’a pas sanctionné ou arrêté les agressions sexuelles, peut-on lire dans le document de cour. Au contraire, [il] les a plutôt tolérées et cachées, le tout au détriment d’enfants innocents et vulnérable­s. »

Les deux prêtres comparaîtr­ont d’ici les prochaines semaines au palais de justice de Sherbrooke.

D’ici là, le Vatican devrait terminer son sommet, durant lequel le pape François a réclamé des mesures « concrètes et efficaces » pour lutter contre la pédophilie au sein de l’Église catholique.

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