Scandale au Vatican
Une description insoutenable de la vie au Vatican.
Selon le cardinal Marc Ouellet, toutes les paroisses du monde, toutes les conférences épiscopales, tous les diocèses seraient souillés par des affaires d’abus sexuels. « Les chiffres qu’évoque le Québécois devant moi sont affolants, » écrit Frédéric Martel dans Sodoma, un ouvrage édité chez Robert Laffont et sorti jeudi. C’est un portrait insoutenable de la vie au sein du Vatican.
Je l’ai lu dans l’avion me ramenant de Paris. Nous volions à 35 000 pieds d’altitude, mais plongée dans le livre, j’avais le sentiment d’être à 35 000 pieds sous terre, dans les abysses de la nature humaine.
Le sociologue français, Frédéric Martel, gai et incroyant, a consacré quatre ans à cette enquête qui dévoile l’ampleur insoupçonnée de l’influence des homosexuels au Vatican.
Une majorité de cardinaux, d’évêques et de clercs sont gais, affirme l’auteur. Paradoxalement, ils mènent le combat homophobe de l’Église. Ce sont eux aussi qui sont contre la pilule, le divorce, l’usage du préservatif et pour le célibat des prêtres.
CULTURE DU SECRET
« Dans la majorité des affaires d’abus sexuels, écrit l’auteur, se trouvent des prêtres et des évêques qui protègent les agresseurs en raison de leur propre homosexualité et par peur qu’elle puisse être révélée en cas de scandale. » En clair, ils protègent la culture du secret.
Le cardinal Ouellet, haut placé au Vatican, est le seul Québécois rencontré par l’auteur. Il peint un tableau terrifiant des abus sexuels dans l’Église. Comme tant d’autres prélats, il est entouré de collaborateurs gais, affirme Martel.
L’auteur a rencontré des cardinaux et des évêques qui, sachant qu’il était de « la même paroisse » qu’eux, ont accepté volontiers de le recevoir. Certains ont même tenté de le séduire.
Des lecteurs naïfs ne survivront pas aux descriptions des exactions commises par ces hommes de Dieu, drapés dans des vêtements luxueux, portant des croix en or massif et des anneaux rehaussés de pierres précieuses qu’ils font baiser aux « brebis » qui les entourent. C’est peu dire que le luxe et la luxure font bon ménage et que derrière ces parangons de moralité se cachent des êtres à l’immoralité perverse.
PÉCHÉ MORTEL
En lisant l’ouvrage, je pensais à tous les Québécois élevés dans l’eau bénite, traumatisés par l’obsession du péché mortel, surtout celui du sexe. Des Québécoises à qui on imposait du haut de la chaire de ne pas limiter les naissances et qu’on éduquait au dégoût du sexe.
Sodoma, qui porte bien son nom, a de quoi révulser les homosexuels visés par l’homophobie de l’Église et par les divorcés écartés comme eux des sacrements. Dans la hiérarchie vaticane, on pratique une double vie, assuré d’être protégé par la culture du secret qui y règne. L’auteur décrit des prélats qui le soir vont draguer de jeunes prostitués – souvent des réfugiés – à la gare de Rome-Termini. Leurs confidences ont été recueillies par Martel.
L’on sort écoeuré et triste de ce livre qui expose enfin au grand jour les comportements de ces représentants du Christ à qui les catholiques confient leur âme. Quelle imposture !
Malheur à ceux-là par qui le scandale arrive !