Feu vert pour le projet de pipeline Trans Mountain
OTTAWA | L’Office national de l’énergie (ONÉ) dit oui au controversé projet d’élargissement du pipeline Trans Mountain dans l’intérêt national, en dépit d’importants risques pour l’environnement.
Dans un rapport uniquement disponible en anglais déposé hier, l’Office soutient que les avantages économiques de ce projet pour le pays dépassent les inconvénients environnementaux.
Au nombre des bénéfices, l’Office cite l’accès à de nouveaux marchés pour le pétrole des sables bitumineux, la création de nombreux emplois et des revenus « considérables » pour les gouvernements.
DES RISQUES MAJEURS
Mais l’Office ne cache pas que le projet de 7,4 milliards pourrait aussi avoir un coût environnemental majeur, surtout pour la faune marine au large de Vancouver, où le pipeline aboutit.
« Le transport maritime associé au projet serait susceptible d’entraîner des effets environnementaux négatifs importants sur l’épaulard résident du sud », note-t-on. Il ne reste qu’un peu plus de 70 spécimens de cette espèce en voie de disparition. L’Office conclut aussi dans son rapport de près de 700 pages que les émissions de gaz à effet de serre découlant du projet seraient « vraisemblablement importantes »
La décision de l’agence fédérale de réglementation des pipelines a déclenché une vague de réactions tranchées entre opposants et défenseurs du développement des sables bitumineux.
Sur la scène fédérale, tant le Bloc québécois que le NPD et le Parti vert dénoncent le projet visant à tripler la capacité de l’oléoduc.
« L’intérêt national du Canada, c’est l’économie du pétrole. Si c’est ça l’intérêt national, on n’est clairement pas dans la même nation (au Québec) », a réagi la députée du Bloc Monique Pauzé.
LE PLUS VITE POSSIBLE
À l’inverse, pour les conservateurs d’Andrew Scheer, la décision de l’ONÉ donne les coudées franches au fédéral pour aller de l’avant avec le projet le plus rapidement possible.
Le gouvernement Trudeau, qui a acheté le pipeline l’été dernier au coût de 4,5 milliards de dollars, accueille de son côté le rapport avec un enthousiasme mesuré.
Par voie de communiqué, le ministre des Ressources naturelles promet de rendre sa décision bientôt, mais pas avant d’avoir consulté les communautés autochtones concernées.
L’Office avait dit oui une première fois au projet Trans Mountain en 2016, mais la Cour d’appel fédérale l’a bloqué l’été dernier, faute d’études sérieuses sur les impacts environnementaux et de consultations appropriées avec les communautés autochtones.