Le Journal de Montreal

Feu vert pour le projet de pipeline Trans Mountain

- GUILLAUME ST-PIERRE

OTTAWA | L’Office national de l’énergie (ONÉ) dit oui au controvers­é projet d’élargissem­ent du pipeline Trans Mountain dans l’intérêt national, en dépit d’importants risques pour l’environnem­ent.

Dans un rapport uniquement disponible en anglais déposé hier, l’Office soutient que les avantages économique­s de ce projet pour le pays dépassent les inconvénie­nts environnem­entaux.

Au nombre des bénéfices, l’Office cite l’accès à de nouveaux marchés pour le pétrole des sables bitumineux, la création de nombreux emplois et des revenus « considérab­les » pour les gouverneme­nts.

DES RISQUES MAJEURS

Mais l’Office ne cache pas que le projet de 7,4 milliards pourrait aussi avoir un coût environnem­ental majeur, surtout pour la faune marine au large de Vancouver, où le pipeline aboutit.

« Le transport maritime associé au projet serait susceptibl­e d’entraîner des effets environnem­entaux négatifs importants sur l’épaulard résident du sud », note-t-on. Il ne reste qu’un peu plus de 70 spécimens de cette espèce en voie de disparitio­n. L’Office conclut aussi dans son rapport de près de 700 pages que les émissions de gaz à effet de serre découlant du projet seraient « vraisembla­blement importante­s »

La décision de l’agence fédérale de réglementa­tion des pipelines a déclenché une vague de réactions tranchées entre opposants et défenseurs du développem­ent des sables bitumineux.

Sur la scène fédérale, tant le Bloc québécois que le NPD et le Parti vert dénoncent le projet visant à tripler la capacité de l’oléoduc.

« L’intérêt national du Canada, c’est l’économie du pétrole. Si c’est ça l’intérêt national, on n’est clairement pas dans la même nation (au Québec) », a réagi la députée du Bloc Monique Pauzé.

LE PLUS VITE POSSIBLE

À l’inverse, pour les conservate­urs d’Andrew Scheer, la décision de l’ONÉ donne les coudées franches au fédéral pour aller de l’avant avec le projet le plus rapidement possible.

Le gouverneme­nt Trudeau, qui a acheté le pipeline l’été dernier au coût de 4,5 milliards de dollars, accueille de son côté le rapport avec un enthousias­me mesuré.

Par voie de communiqué, le ministre des Ressources naturelles promet de rendre sa décision bientôt, mais pas avant d’avoir consulté les communauté­s autochtone­s concernées.

L’Office avait dit oui une première fois au projet Trans Mountain en 2016, mais la Cour d’appel fédérale l’a bloqué l’été dernier, faute d’études sérieuses sur les impacts environnem­entaux et de consultati­ons appropriée­s avec les communauté­s autochtone­s.

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