Offensive contre le décret de Trump
Les démocrates s’organisent contre le président
WASHINGTON | Le président américain Donald Trump a juré hier de mettre son veto si une résolution visant à annuler l’« urgence nationale », qu’il a décrétée pour pouvoir construire un mur à la frontière avec le Mexique, était approuvée au Congrès.
Cette « urgence nationale » exceptionnelle, censée aider M. Trump à lutter contre l’immigration clandestine, a déclenché une féroce bataille politico-judiciaire aux États-Unis. Pour y mettre fin, les parlementaires démocrates ont donc présenté une résolution hier, en annonçant qu’un premier vote serait organisé à la Chambre des représentants mardi prochain.
« Il n’y a aucune preuve soutenant la fausse affirmation du président (républicain) qu’il y a une crise à la frontière », a lancé Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, où les démocrates sont majoritaires.
La résolution, co-signée par un élu républicain et plus de 225 parlementaires (sur un total de 435), devrait être approuvée sans difficulté à la chambre basse.
Le texte arrivera ensuite au Sénat, contrôlé au contraire par les républicains.
Son avenir y est incertain, même si plusieurs sénateurs républicains ont exprimé leur malaise face à cette déclaration d’« urgence nationale », affirmant qu’elle créait un précédent dangereux et outrepassait les pouvoirs de l’exécutif. VETO ?
Si le texte était toutefois approuvé par les deux chambres du Congrès, Donald Trump a promis de le bloquer. « Est-ce que je mettrai mon veto ? À 100 % », a répondu le président à des journalistes.
Le milliardaire républicain a bon espoir que le Congrès ne pourrait ensuite pas outrepasser son veto. Ceci nécessiterait une majorité des deux tiers dans les deux chambres.
Reste qu’il serait extrêmement embarrassant pour le républicain d’utiliser pour la première fois son droit de veto afin de sauver une mesure qui dérange jusque dans ses rangs.
Grande promesse de sa campagne présidentielle en 2016, Donald Trump proclamait à l’époque que le Mexique payerait la facture du mur. Mais il s’est finalement tourné vers le Congrès américain, où l’âpre bataille avec les démocrates autour de son financement a récemment mené au plus long shutdown, ou paralysie budgétaire, de l’histoire récente des États-Unis.
Frustré que les parlementaires ne lui attribuent finalement qu’une enveloppe de 1,4 milliard $, sur les près de six milliards qu’il réclamait, Donald Trump a affirmé qu’il n’avait pas d’autres choix que de recourir à l’« urgence nationale » pour lutter contre ce qu’il a qualifié d’« invasion » de migrants clandestins.
Avec cette mesure exceptionnelle, il veut contourner le Congrès, qui a le dernier mot en matière de financement public. PLAINTE DE 16 ÉTATS
Seize États américains avaient déjà déposé lundi une plainte contre la déclaration d’urgence devant un tribunal fédéral en Californie. Cette bataille judiciaire s’annonce longue et pourrait remonter, à terme, jusqu’à la Cour suprême. Tout se jouera sur la définition d’ « urgence nationale » entendue par la loi de 1976 sur laquelle s’est appuyé le milliardaire.