Constat cinglant de l’Église catholique sur ses démons
Miné par les scandales de pédophilie, le clergé s’est livré hier à un mea culpa
VATICAN | (AFP) La hiérarchie de l’Église catholique s’est livrée hier à un mea culpa cinglant et douloureux sur son échec passé à protéger les enfants des abus sexuels du clergé, appelant ses membres à reconnaître leur responsabilité individuelle et collégiale.
« Une tâche fondamentale, qui appartient à chacun d’entre nous individuellement et de façon collégiale, est de rétablir la justice envers ceux qui ont été violés », a lancé le cardinal Oswald Gracias, devant les 190 participants à une réunion inédite au Vatican.
« L’Église ne vit pas dans un monde isolé », a insisté le cardinal, conseiller du pape dans ses réformes, demandant aux évêques de « coopérer avec les autorités civiles » en cas d’agressions sexuelles.
Pour autant, le prélat indien a nuancé ses propos en rappelant les difficultés rencontrées dans certaines parties du monde lorsque « l’État persécute ou se tient prêt à persécuter l’Église ».
MESURES « CONCRÈTES »
D’où l’importance d’une Église parlant d’une seule voix. « Aucun évêque ne peut se dire : “Ce problème d’abus dans l’Église ne me préoccupe pas, parce que les choses sont différentes dans ma partie du monde”. Nous sommes tous responsables de toute l’Église », a-t-il insisté.
Les présidents de 114 conférences épiscopales de tous les continents se sont retrouvés hier au Vatican, avec de hauts prélats de la Curie, des chefs des Églises catholiques orientales et des supérieurs de congrégations religieuses.
Pour tenter d’apaiser des victimes dubitatives et une opinion publique scandalisée, le pape François avait ouvert les travaux la veille en demandant des mesures « concrètes ». C’est lui qui en tirera les conclusions demain.
Le cardinal américain Blase Cupich, un allié du pape, a présenté hier « un cadre » déjà très détaillé « pour la construction de nouvelles structures juridiques de responsabilisation dans l’Église ».
La courte réunion, qui se terminera demain par un discours très attendu du pape, ne doit pas déboucher sur un document final.