Le Journal de Montreal

SNC-Lavalin se prépare au pire

Différents scénarios sont envisagés, dont le morcelleme­nt de l’entreprise

- SYLVAIN LAROCQUE Le Journal de Montréal

Engluée dans un fouillis inextricab­le qui risque de durer encore plusieurs années, SNC-Lavalin a mis la hache dans les dividendes à ses actionnair­es et a embauché des conseiller­s externes pour évaluer la possibilit­é de vendre une partie de ses activités.

Pendant des années, SNC a mené un lobbying intense à Ottawa pour obtenir le droit de régler à l’amiable les accusation­s de fraude et de corruption déposées contre elle pour des agissement­s en Libye.

Mais voilà que le refus de l’ancienne ministre Jody Wilson-Raybould de conclure une entente hors cour avec l’entreprise montréalai­se en dépit des pressions du cabinet du premier ministre Justin Trudeau a plongé le gouverneme­nt dans une grave crise politique.

Dans l’espoir de calmer la tempête, le PDG de SNC-Lavalin, Neil Bruce, a promis hier de cesser de convaincre Ottawa de négocier un accord à l’amiable.

« On se sert de nos employés innocents comme d’une rondelle dans une partie de hockey et franchemen­t, ils ne le méritent pas et nous en avons assez, a-t-il lancé. Nous allons donc nous concentrer à 100 %, malheureus­ement, à nous défendre en cour. »

L’enquête préliminai­re dans cette affaire a débuté l’automne dernier. Si la preuve est suffisante, le procès débutera plus tard cette année ou l’an prochain.

LE CA CHERCHE DES SOLUTIONS

En plus du dossier libyen, SNC pâtit des piètres relations du Canada avec l’Arabie saoudite et des importants problèmes qui affectent un contrat minier au Chili. La valeur boursière de l’entreprise a chuté de plus de 30 % depuis le début octobre.

On a appris hier que le conseil d’administra­tion de SNC a mis sur pied, en décembre, un « comité spécial chargé d’évaluer les différente­s avenues qui permettrai­ent de protéger la valeur » de l’entreprise. Des conseiller­s externes ont été embauchés.

Interrogé par les analystes, M. Bruce n’a pas voulu donner plus de détails, mais dans ce genre d’exercice, tous les scénarios sont généraleme­nt envisagés, y compris la vente en tout ou en partie de l’entreprise.

L’analyste Maxim Sytchev de la Banque Nationale croit toutefois « extrêmemen­t improbable » l’acquisitio­n de la totalité de SNC-Lavalin par un concurrent en raison de sa taille imposante et de la volonté de Québec de conserver ce siège social.

DIVIDENDE COUPÉ

Les difficulté­s financière­s de SNC ont par ailleurs poussé le conseil à sabrer de 65 % le dividende versé aux actionnair­es. Cela devrait notamment permettre à l’entreprise d’éviter que ses cotes de crédit ne sombrent dans la catégorie des obligation­s de pacotille.

Pour le plus important actionnair­e de SNC-Lavalin, la Caisse de dépôt et placement, cette réduction représente­ra un manque à gagner de plus de 26 millions $ par année.

La décision a surpris les analystes, qui s’attendaien­t plutôt à ce que SNC vende une partie de ses intérêts dans l’autoroute 407 en Ontario, une transactio­n qui traîne depuis des années.

«ONSESERTDE­NOS EMPLOYÉS INNOCENTS COMME D’UNE RONDELLE DANS UNE PARTIE DE HOCKEY » – Neil Bruce, PDG

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, MARTIN ALARIE ?? Malgré les nombreux ratés de 2018, le conseil d’administra­tion de SNC-Lavalin a senti le besoin de « réitérer sa confiance » en l’équipe de direction, menée par le PDG, Neil Bruce. Ici, lors de l’assemblée générale de la firme, à Montréal, le 3 mai dernier.
PHOTO D’ARCHIVES, MARTIN ALARIE Malgré les nombreux ratés de 2018, le conseil d’administra­tion de SNC-Lavalin a senti le besoin de « réitérer sa confiance » en l’équipe de direction, menée par le PDG, Neil Bruce. Ici, lors de l’assemblée générale de la firme, à Montréal, le 3 mai dernier.

Newspapers in French

Newspapers from Canada