Le Journal de Montreal

Bombardier pourrait racheter la part de Québec dans la C Series

La multinatio­nale a jusqu’en juin 2023 pour annoncer une décision

- SYLVAIN LAROCQUE Le Journal de Montréal

Bombardier n’exclut pas de racheter l’investisse­ment de Québec dans le programme d’avions C Series, a indiqué hier le PDG de la multinatio­nale, Alain Bellemare.

« Il n’y a rien d’impossible, mais présenteme­nt, ce n’est pas dans les cartes », a-t-il déclaré hier au Journal, en marge d’une annonce d’aides gouverneme­ntales pour l’industrie aéronautiq­ue.

En 2016, le gouverneme­nt a investi 1,3 milliard $ dans la C Series, connue sous le nom d’A220 depuis son transfert à Airbus, l’été dernier. Québec pourra revendre cette participat­ion à partir du 30 juin 2023.

VALEUR EN BAISSE

Selon l’évaluation comptable faite par Airbus, l’investisse­ment du gouverneme­nt valait 1,136 milliard $ au 1er juillet dernier, soit 179 millions $ de moins que la somme de 1,315 milliard $ déboursée en 2016.

De son côté, Bombardier pourra revendre sa participat­ion de 33,6 % dans l’A220 à Airbus à compter du 1er janvier 2026.

S’il le souhaitait, le géant européen pourrait même, à partir de cette date, forcer Bombardier à lui vendre sa part « à la juste valeur de marché ».

« L’objectif, c’est de faire du programme un grand succès, et nous allons continuer à travailler avec eux (Airbus et Québec), a affirmé M. Bellemare. Éventuelle­ment, on décidera (de racheter ou non la part du gouverneme­nt). »

Depuis la prise de contrôle d’Airbus, l’A220 a reçu de la part de compagnies aériennes américaine­s des commandes pour 135 appareils de plus.

Le programme demeure toutefois lourdement déficitair­e : pendant les six derniers mois de 2018, il a subi une perte nette de près de 159 millions $, soit près de 8 millions $ par avion livré.

DÉPARTS VOLONTAIRE­S

Alain Bellemare a par ailleurs indiqué hier que Bombardier a effectué jusqu’à maintenant environ 20 % des 2500 suppressio­ns de postes annoncées en novembre pour le Québec.

Pour l’instant, la plupart des travailleu­rs qui ont quitté l’ont fait par le biais de départs volontaire­s, a-t-il noté, mais il y a également eu des licencieme­nts et des reclasseme­nts au sein de Bombardier. Certains salariés ont trouvé du travail ailleurs dans l’industrie aéronautiq­ue.

« Jusqu’à maintenant, l’impact sur l’emploi est vraiment très minime », a soutenu M. Bellemare.

Bombardier se donne jusqu’au printemps 2020 pour compléter la réduction de ses effectifs, qui concerne au total 5000 postes à travers le monde.

TRAIN À GRANDE FRÉQUENCE

Enfin, Alain Bellemare a assuré que Bombardier continuait d’avoir des visées sur le projet de train à grande fréquence (TGF) de VIA Rail entre Québec et Windsor même si, en décembre, la société d’État fédérale lui a préféré Siemens pour l’achat de 32 rames destinées au même corridor au coût de près d’un milliard de dollars.

« Ce n’est pas du tout relié et nous avons vraiment les bons produits pour (le TGF), a insisté M. Bellemare. Évidemment, c’est un projet qu’on suit de façon très serrée. Ce genre de projet-là est très structuran­t pour le Québec. On est très très intéressés et on va se positionne­r pour concurrenc­er de façon agressive. »

Or, s’il va de l’avant, le TGF utilisera les futurs trains de Siemens. Comme le TGF prévoit tripler le nombre de départs entre Québec et Montréal ainsi qu’entre Toronto et Ottawa, « des rames additionne­lles seront requises », a précisé hier un porte-parole de VIA, Kaven Delarosbil.

« Cette éventualit­é est prévue dans le contrat en cours d’exécution (avec Siemens) », a-t-il ajouté.

 ?? PHOTO PRESSE CANADIENNE ?? Le ministre de l’Économie du Québec, Pierre Fitzgibbon, lors de l’annonce d’un investisse­ment de 41,3 millions $ pour soutenir l’innovation dans l’industrie aérospatia­le, sous le regard du président de Bombardier, Alain Bellemare (à gauche), hier à Montréal.
PHOTO PRESSE CANADIENNE Le ministre de l’Économie du Québec, Pierre Fitzgibbon, lors de l’annonce d’un investisse­ment de 41,3 millions $ pour soutenir l’innovation dans l’industrie aérospatia­le, sous le regard du président de Bombardier, Alain Bellemare (à gauche), hier à Montréal.
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