Le Journal de Montreal

Joueur de grande qualité et humble avec ça

- MARC DEFOY marc.defoy@quebecorme­dia.com

Notre sens critique nous fait oublier que le Canadien fait de bons coups aussi au repêchage. Ainsi, en prenant le pari de faire de Jesperi Kotkaniemi son premier choix en juin dernier, le Tricolore semble enfin avoir mis la main sur le joueur de centre qu’il recherchai­t depuis longtemps.

Mais pour reprendre une expression du métier, Brendan Gallagher constituai­t un projet lorsqu’il fut repêché au 147e rang (5e ronde), en 2010. Or, le recruteur du Canadien Vaughn Karpan, qui assistait souvent aux matchs des Giants de Vancouver, de la Ligue de l’Ouest, voyait quelque chose en lui.

GENS PERPLEXES

Gallagher ne répondait pas aux critères de la Ligue nationale qui, dans ce temps-là, pourchassa­it encore les joueurs de gros format. Karpan a toutefois réussi à vendre l’idée aux dirigeants de l’organisati­on qu’ils pourraient trouver leur compte avec le jeune homme.

« Plusieurs gens du milieu ont froncé les sourcils quand on a repêché Brendan », se rappelle Trevor Timmins.

« À cinq pieds neuf pouces, il était petit en regard des normes de l’époque. Il n’était pas un grand patineur. C’est une facette qu’il devait améliorer. »

Gallagher présentait tout de même des statistiqu­es respectabl­es. Fiche de 41 buts, dont 14 en supériorit­é numérique, et de 40 mentions d’aide pour un total de 81 points en 72 matchs et 111 minutes de pénalité. Il s’était illustré aussi dans les séries en récoltant 21 points, dont 11 buts, en 16 rencontres. FAIRE CONFIANCE AUX RECRUTEURS Quand on demande à Timmins ce qu’il pensait de Gallagher, il répond avec humour que l’organisati­on a attendu cinq rondes avant de le repêcher. Il aurait pu ajouter que les 29 autres équipes qui formaient la LNH dans le temps ont fait pire encore.

« Il faut bien être chanceux parfois », ajoute-t-il en riant.

« Mais c’est dans des cas pareils qu’il faut faire confiance à nos recruteurs et les laisser faire leur travail. On parle ici de la chose la plus importante dans ce domaine.

Les recruteurs connaissen­t leur région. Ils savent tout de chaque joueur qui s’y trouve. Ils connaissen­t les impondérab­les. »

Dans le cas de Gallagher, aucun problème ne se posait à l’extérieur de la patinoire. Ses parents lui fournissai­ent un bon encadremen­t. Il restait à évaluer ses aptitudes sportives.

« On le savait bon marqueur, c’était sa force », continue Timmins.

« À partir de là, il fallait se demander ce que ça lui prendrait pour atteindre la Ligue nationale. En raison de sa petite stature, il devait posséder des qualités qui complément­eraient ses talents de marqueur.

On a vérifié son sens de la compétitiv­ité, sa force de caractère, son désir de vaincre. On a regardé s’il était un bon joueur d’équipe. Brendan était un joueur élite dans tous ces domaines.

Je pense encore qu’il n’est pas un grand patineur. Mais il continue de travailler sur cet aspect afin de s’améliorer. Il s’exerce encore à améliorer son tir. Son père est son entraîneur de conditionn­ement physique et il s’entraîne toujours avec la même fébrilité.

C’est le type d’athlète qu’il est. »

Gallagher est d’une grande humilité quant à lui. Après son tour du chapeau, jeudi soir, je lui ai demandé si Karpan avait exercé une influence quelconque sur lui. Il a répondu le plus simplement du monde : « Il a eu de bons mots à mon égard quand il a parlé de moi au Canadien. Je ne sais pas où je me trouverais en ce moment s’il n’était pas passé dans ma vie. »

Karpan, qui occupe aujourd’hui le poste de directeur du personnel des joueurs des Golden Knights de Vegas, a été le seul à lui faire passer une entrevue en marge du repêchage.

Gallagher a entendu dire que quelques autres équipes pourraient être intéressée­s à lui, mais sans plus. Il ne s’est pas présenté au repêchage qui avait lieu à Los Angeles, cette année-là.

« Cette décision s’est prise en famille », raconte-t-il.

« Les chances que je sois repêché étaient de 50-50. Je ne tenais pas à passer des heures dans le building et sortir de là sans avoir été sélectionn­é. C’est une chose embarrassa­nte à vivre.

Le réseau NHL Network a quitté les ondes après la quatrième ronde. C’est mon agent qui m’a appelé pour m’apprendre que le Canadien m’avait repêché. Je suis très chanceux d’être un membre du Canadien de Montréal. » PAS PRÉSENT AU REPÊCHAGE LA QUALITÉ PREMIÈRE DES GRANDS ATHLÈTES

C’est une déclaratio­n qui fait plaisir à connaître. Car à en entendre plusieurs, Montréal est la Sibérie du hockey. Mais ici comme ailleurs, les athlètes qui se donnent à leur sport n’ont jamais de problèmes avec les amateurs et les méchants médias.

« L’humilité est la qualité première des grands athlètes », enchaîne Timmins.

« C’est le cas de Tom Brady, qui a été repêché au 199e rang. Il a atteint le sommet par son travail, son dévouement envers son métier et ses nombreuses heures d’entraîneme­nt en gymnase.

Brendan Gallagher fait la même chose. Il est toujours heureux et souriant. C’est le genre de joueur qui demande peu d’entretien. »

Et qui s’attire la sympathie de tout le monde.

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PHOTO MARTIN CHEVALIER Premier buteur du Canadien, Brendan Gallagher a pourtant été le 147e joueur repêché en 2010.
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