Le Journal de Montreal

Boeing et les transporte­urs aériens malmenés en bourse

L’industrie essuie des turbulence­s en raison des craintes au sujet du 737 MAX

- PHILIPPE ORFALI

Air Canada, WestJet, Boeing et l’industrie aérienne en général en prennent pour leur rhume en bourse en raison des inquiétude­s entourant le modèle 737 MAX de Boeing.

Deux jours après l’écrasement en Éthiopie d’un de ses avions phare, le 737 MAX 8, le titre du constructe­ur aéronautiq­ue Boeing (NYSE : BA) a en effet chuté de 6,15 %, hier, après avoir déjà plongé de 5,33 % la veille.

Dans le rouge dès l’ouverture, l’action a perdu du terrain au fur et à mesure que de nouveaux pays émettaient des interdicti­ons de vol pour l’appareil de Boeing.

« L’interdicti­on de vol du 737 MAX par [plusieurs pays], ce sont des impacts négatifs sur la réputation de Boeing à court terme, qui pourraient avoir un impact sur les ventes, en particulie­r si la US Federal Aviation Administra­tion faisait de même et mettait l’avion à terre », a écrit Cai von Rumohr, analyste chez Cowen & Co, dans une note de recherche. C’était avant que toute l’Union européenne emboîte le pas à la Chine, à l’Indonésie et à l’Éthiopie, hier. WESTJET ET AIR CANADA PLONGENT

Il en va de même pour le titre du transporte­ur aérien Air Canada. L’action de l’entreprise montréalai­se (TSE : AC) a elle aussi piqué du nez lors de l’ouverture des marchés, passant de 33,36 $ à 32,04 $ en cours de journée, une baisse de près de 4 %.

WestJet Airlines (TSE : WJA), qui est également équipée d’appareils de cette quatrième génération de la famille 737, pâtit elle aussi en bourse.

Le titre de la société aérienne canadienne à bas prix originaire de Calgary a connu une baisse de 3,21 %, en baisse de 66 cents, pour s’établir à 19,92 $ en fin de journée hier.

Principal concurrent de Boeing, Airbus (EPA : AIR) a quant à elle vu son action gagner près de 1,8 % depuis lundi.

Malgré tout, la plupart des analystes et observateu­rs s’entendent pour dire que Boeing et les transporte­urs ne devraient pas subir d’impacts durables en lien avec cette tragédie.

En fait, après avoir chuté de 13,5 % au cours des dix premières minutes des échanges lundi matin, le titre de Boeing avait récupéré environ la moitié de sa perte à la fermeture des marchés, signe que de nombreux investisse­urs en ont profité pour acheter des actions de la société.

De nombreux pays de la planète, y compris ceux de l’Union européenne, ont interdit de vol hier l’avion de ligne Boeing impliqué dans l’écrasement de la compagnie Ethiopian Airlines, cinq mois après un autre accident mortel impliquant le même avion. Mais, pas le Canada

OTTAWA | Les craintes des passagers québécois n’y changent rien ; le Canada fait bande à part, avec les États-Unis, en tolérant toujours les avions Boeing 737 MAX 8 dans ses cieux, contrairem­ent à tous les pays européens.

En fin de soirée hier, Sunwing s’est ajoutée à la liste des compagnies aériennes qui ont choisi de clouer au sol leurs 737 MAX 8.

La compagnie basée à Toronto a expliqué sur son compte Twitter prendre cette décision pour des raisons commercial­es « non liées à la sécurité ».

Les avions de ce type des transporte­urs canadiens Air Canada et West Jet volaient toujours hier soir.

Depuis l’écrasement du Boeing 737 MAX 8 survenu dimanche, en Éthiopie, plusieurs voyageurs s’inquiètent du type d’appareil qui les mènera à destinatio­n.

« C’est vraiment étrange, deux fois en peu de temps. On va regarder ça pour nos prochains vols », a ajouté Tristan Katcher.

Chez Air Canada, quelques clients ont dit aux employés avoir modifié leur itinéraire pour éviter de prendre un 737 MAX 8. Mais aucune annulation n’avait été relevée au comptoir lors du passage du Journal en fin de journée.

Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a soutenu hier vouloir « évaluer clairement la situation » avant de bannir ces appareils de l’espace aérien canadien.

L’ex-astronaute a précisé que son gouverneme­nt n’exclut toutefois pas la possibilit­é de clouer ces avions au sol. « IRRESPONSA­BLE »

Mais pour les partis d’opposition, le principe de précaution devrait s’appliquer ici.

Le député du Bloc québécois Louis Plamondon juge « irresponsa­ble » de laisser des passagers monter à bord de 737 MAX de la compagnie Boeing.

« Ça n’a aucun sens. S’il fallait que l’enquête conclue que ces appareils posent problème, ça veut dire qu’on va avoir mis la vie de citoyens en danger, a-t-il réagi. C’est jouer avec la sécurité des gens. »

Même son de cloche au NPD, où le député Alexandre Boulerice invite le ministre Garneau à emboîter le pas aux pays européens.

Les inquiétude­s des partis d’opposition sont partagées par de nombreux voyageurs croisés dans les aéroports et sur les réseaux sociaux (voir autres textes).

Mais le ministre Garneau n’en démord pas : rien n’indique pour l’instant que le modèle d’appareil en soi est en cause dans l’écrasement d’Ethiopian Airlines.

« C’est important de comprendre ce qui s’est passé et d’évaluer froidement la situation, a-t-il dit. Il y a toutes sortes de possibilit­és qui pourraient expliquer cet accident tragique. C’est important de ne pas sauter aux conclusion­s. »

Le député montréalai­s s’est de nouveau voulu rassurant, affirmant que lui-même n’hésiterait pas à monter à bord d’un Boeing 737 MAX 8.

Le ministre Garneau a prévu s’adresser aux médias ce matin, à 11 h.

Le nombre de pays ayant décidé de fermer leur espace aérien à ces appareils s’est multiplié hier (voir carte en page 2). Devant cette cascade d’immobilisa­tions des appareils 737 MAX 8, les États-Unis ont aussi continué d’afficher leur confiance en Boeing.

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PHOTO TIRÉE DU SITE INTERNET DE BOEING Des 737 MAX 8 de West Jet, comme celui-ci, sont toujours autorisés à voler. Le titre de l’entreprise canadienne a plongé de 3,21 %, hier.
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PHOTO MARTIN ALARIE Un des Boeing 737 MAX 8, qui font la manchette après un écrasement en Éthiopie, a pris son envol hier, à l’aéroport Montréal-Trudeau.

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