Le Journal de Montreal

Des inondation­s devant chez lui depuis 20 ans

L’accumulati­on d’eaux toxiques nuit aux récoltes d’un agriculteu­r des Laurentide­s

- STÉPHANE SINCLAIR Collaborat­ion spéciale

SAINT-EUSTACHE | Un agriculteu­r des Laurentide­s est en colère contre la Ville de Saint-Eustache qui n’a toujours pas réussi à résoudre les problèmes récurrents d’inondation­s devant chez lui après plus de 20 ans de plaintes.

Patrice Giroux possède une terre à Mirabel, située en bordure d’un rang qui appartient à la Ville de Saint-Eustache. La Montée Renaud, à l’intersecti­on de la rue Gauthier, forme un grand vallon à la hauteur de sa terre et draine l’eau à la fonte des neiges, lorsqu’il pleut en hiver et pendant certains orages en été.

À ces moments-là, le niveau d’eau peut atteindre de 30 cm à près de 50 cm. M. Giroux explique que cette situation arrive en moyenne une douzaine de fois par année et que les autorités doivent alors fermer cette route, empruntée par une centaine d’automobili­stes chaque jour.

EAUX TOXIQUES

Pour se débarrasse­r de l’eau qui s’accumule sur le chemin, la Ville poussait depuis plus de 20 ans le banc de neige sur sa terre agricole afin de laisser passer l’eau qui se trouve un peu plus bas à cause de la dénivellat­ion située à la jonction de la Montée Renaud et de la rue Gauthier (voir la carte ci-contre).

Or, l’eau, généraleme­nt chargée de calcium et d’autres produits toxiques issus des gaz d’échappemen­t des véhicules routiers, inonde sa terre agricole.

« J’ai déjà perdu des récoltes dans ce secteur. De plus, l’eau draine les minéraux de mon sol », explique l’homme, qui fait régulièrem­ent des tests de son sol pour ajuster les engrais en fonction de son état.

Après de nombreuses plaintes à la Ville en 20 ans, l’agriculteu­r a pris les choses en main à la fin des années 1990.

Il a commencé à repousser la neige avec son tracteur pour reboucher les brèches faites par les employés de Saint-Eustache.

TROU D’HOMME INSTALLÉ

« L’eau finissait par inonder à nouveau la route après que je rebouchais les brèches », explique M. Giroux.

Ce dernier estime que la route devrait être remontée afin de régler le problème une fois pour toutes.

En 2014, la Ville de Saint-Eustache avait fait un petit fossé sur le bord de son terrain, mais l’eau ne pouvait pas s’évacuer en hiver ni au printemps en raison des bancs de neige qui bloquaient l’eau de chaque côté de la rue.

Un trou d’homme a aussi été installé au même moment, mais il ne débouche sur aucune canalisati­on. Il ne s’agit que d’un réservoir qui peut seulement se remplir d’eau.

Après plusieurs années de démarches et de plaintes auprès de la Ville, M. Giroux a finalement décidé de rencontrer le maire de Saint-Eustache, Pierre Charron, au début du mois de février.

Ce dernier lui a assuré que la Ville ne repoussera­it plus la neige sur son terrain, mais il ignore toujours comment elle réglera le problème.

« Ils m’ont dit qu’ils s’en occupaient, mais ça fait depuis 1996 qu’ils me disent ça ! » fustige M. Giroux.

Lors des averses de pluie du début février, la route a de nouveau été inondée.

Résultat : quatre automobili­stes ont été pris au piège au beau milieu d’une énorme mare qui s’est formée sur la route et où l’on a dû demander l’aide de remorqueus­es. « L’eau dépassait les portières des véhicules, il devait y avoir au moins un pied et demi d’eau », lance Patrice Giroux.

La Montée Renaud a alors été fermée pendant une semaine.

La Ville de Saint-Eustache a expliqué qu’elle suivait la situation de près, qu’elle pourrait pomper l’eau à l’aide d’un camion et que d’autres options sont à l’étude.

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Le moteur de cette BMW s’est éteint après avoir traversé cette accumulati­on d’eau sur la Montée Renaud, à Saint-Eustache, qui atteignait 50 cm d’eau par endroits. PHOTO COURTOISIE
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 ??  ?? Un automobili­ste qui est resté prisonnier de l’importante accumulati­on d’eau sur la Montée Renaud, à Saint-Eustache. PHOTO COURTOISIE
Un automobili­ste qui est resté prisonnier de l’importante accumulati­on d’eau sur la Montée Renaud, à Saint-Eustache. PHOTO COURTOISIE

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