La gourmandise des pétrolières n’a pas de fin
Fidèles à leur mauvaise image, les pétrolières en profitent ces temps-ci pour exploiter davantage les automobilistes en encaissant une grosse marge de profit sur le baril de pétrole et le coût du raffinage.
Alors que le prix du baril de pétrole a augmenté de 7 % depuis un mois, les pétrolières ont haussé de 27,6 % le prix qu’elles nous facturent pour payer le coût du pétrole brut et de son raffinage en essence.
Le 6 février dernier, les pétrolières empochaient 56,1 cents par litre d’essence vendu au Québec. Hier, elles encaissaient 71,6 cents le litre, soit une hausse de 15,5 cents le litre.
C’est ce qui explique en grande partie pourquoi le prix du litre d’essence à la pompe a bondi de 17 cents depuis le début de février dernier.
Dans la grande région de Montréal, hier, le prix de l’essence atteignait près 1,27 $ le litre, comparativement à 1,10 $ le litre il y a à peine un mois et des poussières.
Cela étant dit, en grimpant le prix minimal à la rampe de 56,1 cents à 71,6 cents le litre, cela équivaut en un mois à une augmentation du baril de pétrole de 24,64 $ CA, soit autour de 18,50 $ US.
Ce qui est nettement exagéré par rapport à la réelle augmentation des cours du baril de pétrole brut lors de la même période.
Entre le 6 février et hier, le 13 mars, la hausse du baril de pétrole brut a varié de 3,60 à 4,50 $ US, dépendamment si la référence porte sur le Brent, le WTI, le Western Canadian Select ou le Canadian Crude Index.
Ainsi, la hausse de prix qu’engrangent les pétrolières est de 4 à 5 fois plus élevée que l’augmentation qu’elles doivent payer pour s’approvisionner.
Convenons qu’il y a ici matière à scandale de siphonner de la sorte les automobilistes.
Les coûts de raffinage et de transport de pétrole brut ne sont pas plus élevés aujourd’hui qu’il y a un mois.
PASSIVITÉ GOUVERNEMENTALE
Pouvons-nous compter sur les gouvernements de Québec et d’Ottawa pour taper sur les doigts des pétrolières lorsqu’elles haussent de la sorte leurs marges sur l’approvisionnement de pétrole brut et le raffinage en essence ?
Je ne crois pas. Sur le coup de la nouvelle, comme d’habitude, les premiers ministres et leurs ministres diront sans doute que c’est préoccupant. Et que des vérifications seront effectuées ! Concrètement, aucune mesure gouvernementale ne sera prise contre les pétrolières. Et les automobilistes devront prendre leur mal en patience d’ici à ce que les pétrolières décident (d’elles-mêmes) de se montrer un peu moins gourmandes.
L’APPÂT DES TAXES
Pourquoi Québec et Ottawa font-ils preuve de faiblesse lorsqu’il s’agit de dénoncer des hausses abusives du prix de l’essence ?
Parce que, à mon avis, plus le prix de l’essence est élevé, plus les gouvernements en profitent en raison des taxes et surtaxes qu’ils pompent aux automobilistes.
Le gouvernement du Québec encaisse bon an mal an près de 3 milliards avec ses multiples taxes sur le carburant, soit : la taxe provinciale sur les carburants (TPC) de 19,2 cents le litre ; la majoration de 3 cents/litre de cette TPC pour le transport collectif ; plus la TVQ de 9,975 %.
Pour sa part, le gouvernement fédéral récolte annuellement autour de 1,4 G$ avec ses taxes sur l’essence, soit sa taxe d’accise fédérale de 10 cents le litre, plus bien entendu sa TPS.
Pendant que les automobilistes se font pomper à coups de milliards de dollars, les pétrolières et les gouvernements dansent !