Le Journal de Montreal

Une leçon pour les petits lapins

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Vous connaissez Bret Easton Ellis ?

Auteur de romans sulfureux sur la société de consommati­on et la décadence morale de l’Occident (Less Than Zero, Glamorama), Easton Ellis est un écrivain culte.

American Psycho, le roman gore qu’il a publié, en 1991, sur la descente aux enfers d’un tueur en série narcissiqu­e, avait fait scandale.

Je me souviens : cette métaphore sanglante du capitalism­e sauvage était si violente que les librairies avaient refusé de le placer sur leurs rayons.

Pour l’acheter, il fallait chuchoter le titre dans l’oreille d’un vendeur, qui allait en chercher un exemplaire dans l’arrière-boutique. On se serait cru à la Commission des liqueurs dans les années 40. LE MONDE EST UNE JUNGLE

Bret Easton Ellis vient tout juste de sortir son premier livre en neuf ans.

Il s’agit d’un essai intitulé White.

Toujours provocateu­r, Easton Ellis s’en prend cette fois à la rectitude politique et aux militants d’extrême gauche qui voient du racisme et du sexisme partout et qui veulent que l’art « éduque » et « élève » les masses.

Si, comme moi, vous en avez ras le bol de ces curés qui ont un balai dans le schtroumpi­f et qui passent leur temps à nous faire la leçon du haut de leur chaire, vous pousserez des cris de joie à chaque paragraphe. C’est totalement jubilatoir­e. Bret Easton Ellis évoque sa jeunesse à Los Angeles dans les années 70-80. À l’époque, dit-il, les parents-hélicoptèr­es n’existaient pas.

Les enfants étaient plus ou moins laissés à eux-mêmes.

Personne ne leur disait quel film regarder ou ne pas regarder. Ils étaient confrontés très jeunes à des images de sexe et d’horreur. On apprenait très tôt à se faire une carapace, dit-il. À neuf ans, on savait déjà que le monde était une jungle.

On ne nous protégeait pas, on ne nous chouchouta­it pas, on ne nous enroulait pas dans du papier bulle.

On était confronté au monde tel qu’il est.

DEVENIR ADULTE

Aujourd’hui, déplore Easton Ellis, les jeunes sont des petits lapins hyper fragiles qui ont des réactions disproport­ionnées et qui se roulent en boule à la moindre confrontat­ion.

À force de protéger les enfants, on les empêche de devenir des adultes.

Breat Easton Ellis a un message pour les petits lapins.

Un message simple, clair, direct.

Un message qui « fesse dans le dash » et qui devrait être affiché dans toutes les écoles.

« Shit happens, deal with it, stop whining, take your medicine, grow the fuck up. » Ma traduction : « Tu vas avoir des emmerdes dans ta vie, gère-les, arrête de te plaindre, passe par-dessus et vieillis, saint bordel. »

Arrête de toujours te lamenter et de répéter que le monde est méchant.

Fais-toi pousser une paire de couilles, que tu sois un homme ou une femme !

« Oui, Trump a été élu. Accepte le verdict du peuple et reviens-en ! » dit-il.

MIS À L’INDEX

Comme on pouvait s’y attendre, le livre de Bret Easton Ellis (qui sortira en version française le 2 mai) a été descendu en flammes par les médias américains qui l’ont trouvé réactionna­ire.

Et quand les curés mettent un livre à l’index, c’est que vous devez le lire toutes affaires cessantes.

« Arrête de te plaindre et vieillis ! »

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