Qui détrônera Paul Arcand ?
Encore une fois, Radio-Canada a tout un problème sur les bras. À la mi-juin, le diffuseur public dira adieu à Alain Gravel le matin – peu d’auditeurs ne s’en plaindront -, mais il faudra remplacer l’animateur.
Je ne suis pas spécialiste de la radio, mais je l’écoute de 20 à 25 heures par semaine. Je ne saurais m’en passer le matin. Mon engouement pour la radio matinale a commencé avec Le p’tit train du matin de Miville Couture, puis s’est poursuivi avec Joël LeBigot à Bonjour Montréal.
Par la suite, si j’ai peu écouté C’est bien meilleur le matin malgré toute l’estime que j’ai pour l’intelligence, l’à-propos et la culture de René Homier-Roy, c’est que j’avais découvert Paul Arcand. Il est le champion toutes catégories de la radio matinale. C’est bien meilleur le matin n’a jamais réussi à détrôner l’émission d’Arcand, même si celle de Homier-Roy avait l’avantage d’être sans publicité.
UN PHÉNOMÈNE
Arcand, c’est un phénomène. Il faut qu’il le soit pour transcender une émission aussi gangrenée par d’incessantes plages publicitaires.
Paul Arcand a de l’assurance et de l’autorité, une certaine culture et beaucoup de rigueur. Il montre autant d’objectivité qu’on peut humainement en exiger d’un journaliste. Avec le temps, il a développé un sens de l’humour respectable. Il a adouci son ton avec les invités et allégé ses rapports avec ses collaborateurs. L’animateur a un véritable don de la « revue de presse ». En quelques minutes, Arcand « ramasse » toute l’actualité, locale ou internationale.
Sa crédibilité est sans failles et son influence est considérable. Ce n’est pas sans raison que les hommes politiques refusent rarement d’aller à son micro et de lui accorder la préférence. C’est à ce géant qu’Homier-Roy a presque réussi à tenir tête et c’est lui qu’aurait voulu égaler Alain Gravel. Mais il ne fait pas le poids. Il a fallu qu’arrive une « étrangère » dans la grande tour, Caroline Jamet, directrice générale de la radio, pour faire le sale boulot de dire merci à celui qui avait été la vedette d’Enquête.
Iln’yaque Stéphan Bureau pour vaincre PaulArcand
UN SEUL CANDIDAT
Il n’y a que Stéphan Bureau pour vaincre Paul Arcand. Bureau est meilleur intervieweur, il possède une plus vaste culture, il est d’une rigueur stupéfiante et son expérience est plus variée. Il ne manque pas de crédibilité et ses opinions, moins tranchées que celles d’Arcand, rassureraient le diffuseur public, toujours frileux de ce côté. Avec le temps et ses années à Juste pour rire, Bureau a développé beaucoup d’humour et, surtout, il a perdu ses allures compassées.
L’ennui, c’est qu’il fait désormais la belle vie, partageant son temps entre l’Arizona et le Québec. Il ne nourrit plus les ambitions de ses 30 ans et il est jaloux de sa liberté. Combien de dollars faudrait-il allonger pour vaincre sa résistance ?
Radio-Canada devra donc se résigner à laisser Arcand trôner le matin. À moins de faire sauter la caisse et de lui offrir une somme faramineuse. Il y a plus de dix ans qu’on discute discrètement de cette possibilité dans les hautes sphères de la société d’État. Les chances qu’on y donne suite sont à peu près égales à celles de voir Bureau accepter d’être le prochain « roi » du matin.