Le Journal de Montreal

Taxis : enlevons de l’argent

- JONATHAN TRUDEAU Blogueur au Journal @JETrudeau

Animateur radio et chroniqueu­r

Ainsi, les chauffeurs de taxi ont rejeté dans une proportion de 75 % la dernière offre du gouverneme­nt. Plusieurs points méritent d’être soulignés.

Selon les chiffres qui ont circulé, ce sont 2000 chauffeurs qui ont participé à la consultati­on. Or, on ne cesse de nous répéter que 22 000 familles seront cavalièrem­ent jetées à la rue en raison du projet de loi 17 (rappelons que dans les faits, ce sont quelque 6000 propriétai­res de permis qui seront directemen­t touchés, puisque les autres chauffeurs louent chèrement un volant à conduire pour générer des revenus).

PARTICIPAT­ION

On parle d’un taux de participat­ion avoisinant les 9 %. Ouf ! Il me semble que lorsque l’enjeu est si grand, tous, sans exception, devraient vouloir se faire entendre, non ?

Qui plus est, des chauffeurs auraient avoué sur les médias sociaux avoir voté plusieurs fois. Convenons qu’il y a lieu de se questionne­r sur la valeur de l’exercice et sur les efforts déployés par l’organisati­on pour véritablem­ent favoriser l’engagement.

On repassera pour la crédibilit­é de l’exercice.

CONDITIONN­EMENT

Il ne faudrait pas oublier que les bons dirigeants ont finalement décidé de soumettre la nouvelle propositio­n à l’appréciati­on des gens qu’ils sont censés représente­r quelques jours après avoir carrément démoli l’initiative du ministre.

Rappelons-nous qu’au moment même où François Bonnardel annonçait les 270 millions supplément­aires, l’industrie faisait paraître un communiqué traitant le gouverneme­nt de tueur et de voleur. Rien de moins. On repassera pour la présentati­on objective des faits.

FAUSSE PRÉMISSE

On parle beaucoup aussi du « rejet de l’offre ». Dans les faits, il ne s’agit pas d’une « offre » à proprement parler. Il n’y a pas de négociatio­n, au sens traditionn­el du terme. Ce n’est pas comme si une convention collective était échue, et que la partie patronale offrait de nouvelles conditions. Non. On est en présence d’un gouverneme­nt qui a pris une décision, soit celle de moderniser le commerce du transport de personnes.

Conscient des impacts pour une minorité, l’État a pris ses responsabi­lités et a décidé d’octroyer de généreuses compensati­ons, et subséquemm­ent de les bonifier, jouant même dangereuse­ment avec le degré de tolérance du payeur de taxes. Car s’il est vrai que d’un côté le gouverneme­nt souhaite apaiser le climat en ouvrant les goussets, de l’autre, il joue avec la patience du contribuab­le qui trouve qu’il en a déjà fait en masse.

Malgré tout, l’industrie choisit d’envoyer paître le ministre et de lever le nez sur 814 millions $. Pas même un « vous savez, c’est fort louable comme effort, mais nous pensons qu’il y a lieu de se pencher sur certains aspects… » Non, c’est plutôt « maudit tueur, tu vas nous en donner plus, as-tu compris ? » Très constructi­f…

Alors le temps est venu pour le gouverneme­nt d’agir. Par exemple, il pourrait réduire progressiv­ement le montant qui est sur la table. Enlever, genre, 10 millions $ par jour, tant que l’industrie n’accepte pas ce qui a été proposé. Certains diront que c’est drastique, mais dans les faits, qui a dit que les montants annoncés devaient être tenus pour acquis ? La farce et le manque de considérat­ion ont assez duré.

 ??  ?? L’industrie choisit d’envoyer paître le ministre et de lever le nez sur 814 millions $.
L’industrie choisit d’envoyer paître le ministre et de lever le nez sur 814 millions $.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada