Politique : les embûches de l’amitié
La nouvelle commissaire à l’éthique, Ariane Mignolet, va se pencher sur la nomination de Guy LeBlanc à la direction d’Investissement Québec. Monsieur LeBlanc est un ancien collègue et toujours un ami proche du ministre Pierre Fitzgibbon, responsable de sa nomination.
Le premier ministre François Legault, qui était prompt dans le passé à dénoncer « les p’tits amis » des libéraux, ne semble pas se formaliser de cette nomination, compte tenu entre autres de la compétence de l’ami très cher du ministre.
Cette situation, qui n’a rien d’illégal, pose cependant problème. D’abord, il n’existe pas de candidat parfait. Pour un poste dans les hautes sphères de l’État, il existe, sinon plusieurs, du moins quelques personnes d’exception.
Or, nous vivons dans un monde où la partisanerie et le népotisme suscitent méfiance et critiques permanentes de la part des citoyens.
SCEPTICISME
Ces derniers, plus que sceptiques pour ne pas dire cyniques, ont le sentiment d’être trompés par les élites, quelles qu’elles soient. Ce qui semble des renvois d’ascenseur et des privilèges du seul fait des relations sociales et amicales ne passerait plus la rampe.
On peut estimer que l’envie et la colère des sansgrade sont des réactions déplorables et injustes, mais ceux qui gouvernent peuventils ne pas en tenir compte ? Ce qui est inacceptable, voire immoral éthiquement pour les élus de l’opposition, doit l’être aussi lorsqu’ils accèdent euxmêmes au pouvoir.
Compte tenu des exigences de la démocratie avancée dans laquelle une majorité de citoyens souhaitent vivre au Québec et au Canada, cette démocratie avancée et fière de l’être en comparaison de la régression « trumpiste » imposée par le roi du népotisme et des fourberies rend désormais la tâche de nos politiciens quasi surhumaine.
PRINCIPE SACRÉ
Un ministre (et a fortiori un premier ministre) peutil encore favoriser ses amis proches quand il est responsable de nommer des personnes dans des positions supérieures ? Pour qu’il y ait justice, il faut qu’il y ait apparence de justice. Ce principe est sacré. La nomination des plus hauts serviteurs de l’État ne doitelle pas se faire selon les mêmes règles ?
Les règles de l’amitié sont d’un autre ordre. Tous les ministres du gouvernement peuvent choisir des amis au sein de leur propre cabinet. Personne ne va leur reprocher de désirer la proximité de personnes avec lesquelles ils partagent affection et connivence. Ce sont des conseillers du premier cercle. Mais il arrive cependant qu’ils doivent les écarter dans l’intérêt supérieur de l’État. C’est ainsi que le premier ministre Legault a dû laisser partir, la mort dans l’âme sans doute, son alter ego, Martin Koskinen, au début de son mandat.
Autres temps, autres moeurs. Le népotisme n’est plus acceptable en politique. La parenté ne peut plus se retrouver dans le cabinet d’un ministre comme cela existait encore il n’y a pas si longtemps. Et les amis des politiciens, même les plus compétents, peuvent difficilement accéder à ces quelques rares et importantes fonctions au sommet de l’État. Autrement dit, l’amitié a un prix qui est lourd, celui d’avoir à être sacrifié sur l’autel des apparences.