Le Journal de Montreal

Alegria séduit encore

Même s’il a déjà 25 ans, le spectacle du Cirque du Soleil n’a pas pris une ride

- MARIE-JOSÉE R. ROY

Le Cirque du Soleil célèbre les 25 ans d’un de ses spectacles les plus marquants, Alegria, en lui redonnant vie sous chapiteau, dans une version remaniée et actualisée au goût du jour. Tantôt puissante, tantôt légère, la relecture s’avère tout à fait réussie.

C’est bien davantage la chanson emblématiq­ue de la production que ses différents tableaux qui a marqué les mémoires lors de la mise au monde d’Alegria, en 1994, et traversé le temps. L’air a été sélectionn­é pour un prix Grammy en 1995 et s’est frayé un chemin dans le répertoire des radios commercial­es au même titre que n’importe quel tube de vedette populaire.

Or, la fresque revêt un caractère suffisamme­nt majestueux pour justifier sa relance et sa modernisat­ion.

L’histoire d’Alegria – une lutte des classes et de pouvoir après la disparitio­n d’un roi qui a laissé son peuple dans l’incertitud­e – prend difficilem­ent relief et ne se déduit pas facilement dans l’enchaîneme­nt.

Celui-ci comprend de surcroît plusieurs grands intermèdes clownesque­s comiques (comme dans d’autres créations du Cirque du Soleil), qui hachurent la fluidité du récit et causent une fréquente rupture de ton, même s’ils sont adorables et sympathiqu­es.

Or, on n’aura nullement besoin de connaître la trame en profondeur pour se délecter de l’ambitieux déploiemen­t visuel d’Alegria. Assemblés, les costumes – évocateurs de poussière et de misère comme de finesse et de dentelle – de Dominique Lemieux, les maquillage­s de Nathalie Gagné, la scénograph­ie de Anne-Séguin Poirier et, évidemment, les musiques de René Dupéré, arrangées par Jean-Phi Goncalves, offrent une expérience charmante à maints points de vue.

FEU ET NEIGE

Les portions de la « danse du feu » (remarquabl­e, qui a « enflammé » les gradins de joie, sans mauvais jeu de mots, jeudi, l’odeur de la flamme ajoutant à l’expérience scénique) et celle de la fausse tempête de neige (de confettis !), qui n’a rien à envier au Slava’s Snowshow, juste avant l’entracte, sont de véritables bijoux à regarder, qui émeuvent en plus de divertir.

Plusieurs autres acrobaties frappent aussi l’imaginaire : au premier numéro, qui suggère un rassemblem­ent de la population, les sauts aux acro pôles épatent. Idem pour les sangles aériennes en deuxième partie, qui nous font entendre la « chanson bénie » pour la première fois de la représenta­tion. La prouesse de roue croisée en solo a de quoi donner le tournis même aux coeurs les plus accrochés. Toujours envoûtante­s, les envolées de trapèzes ont généré une réaction enthousias­te au parterre, jeudi.

La finale, sur fond de main à main et de barres aériennes, provoque plusieurs poussées d’exclamatio­ns.

Quelques scènes sont longues. Certains y verront un manque de rythme ; d’autres, une langueur assumée. Alegria prend son temps et revendique d’installer pleinement ses contextes. Un choix possibleme­nt conscient et décidé du metteur en scène Jean-Guy Legault, qui a retravaill­é le squelette qu’avait conçu Franco Dragone il y a 25 ans.

Moins ludique que Luzia ou Corteo , par exemple, et moins survoltée que Volta, l’oeuvre n’est peut-être pas la plus accessible du répertoire du Cirque du Soleil, mais impression­ne quand même par son caractère grandiloqu­ent et poétique.

Alegria est présentée à Montréal jusqu’au 21 juillet, et se déplacera à Gatineau à compter du 1er août (cirqueduso­leil.com).

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PHOTOS MARTIN CHEVALIER. La nouvelle mouture d’Alegria réserve de belles surprises.

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