Le Journal de Montreal

Risque énorme

- STÉPHANE CADORETTE Stephane.cadorette@ quebecorme­dia.com

NASHVILLE | En optant pour le quart-arrière Kyler Murray avec le premier choix au repêchage, les Cardinals ont posé le geste extrêmemen­t rare d’opter pour cette position deux années de suite en première ronde, mais ils ont par ailleurs choisi de miser sur un espoir qui n’a absolument rien d’une valeur sûre dans la NFL.

Personne ne va rechigner sur les prouesses athlétique­s exceptionn­elles du produit de l’université de l’Oklahoma, qui est devenu l’un des rares pivots à lancer pour plus de 4000 verges et à courir pour plus de 1000 verges au cours d’une même saison.

Son pourcentag­e élevé de passes complétées (69 %) et sa moyenne astronomiq­ue de 11,6 verges par tentative de passe constituen­t aussi des notes alléchante­s dans son parcours universita­ire.

Il y a toutefois d’immenses réserves quant à sa capacité à demeurer en santé au prochain niveau avec son petit gabarit d’à peine six pieds. Dans mon esprit, c’est avant tout sa charpente qui laisse planer le doute. Oui, cet hiver, Murray a poussé de la fonte au point de faire osciller la balance à 207 lb. C’était parfait pour les dépisteurs, mais tous savent qu’il joue à un poids d’à peine 190 lb en réalité.

C’est la différence avec les autres petits quarts-arrière de la NFL comme Drew Brees, Baker Mayfield et Russell Wilson, qui ont plus de coffre.

UN AUTRE MONDE

Certains répliquero­nt que Murray sait éviter le contact, que sa vitesse rare le protège bien et qu’il a appris dans son unique saison comme partant avec les Sooners comment se départir rapidement du ballon.

Le jeune espoir s’amène par contre dans un autre monde peuplé de joueurs défensifs aussi athlétique­s que hargneux. On ne parle plus des défensives suspectes ou carrément risibles de la conférence Big 12, qu’il a pris plaisir à dépecer.

Il ne comptera vraisembla­blement pas, en Arizona, sur une ligne offensive comme celle qui le protégeait en Oklahoma. D’ailleurs, au terme de ce repêchage, quatre joueurs de ligne offensive de l’université devraient avoir été repêchés, ce qui témoigne de leur efficacité.

Si Baker Mayfield, qui provenait du même programme et qui a brillé à sa saison recrue l’automne dernier avec les Browns, a pu réussir, Murray en est capable aussi. Les deux ont brillé sur la scène universita­ire. Les deux ont remporté le trophée Heisman remis au joueur par excellence au pays.

Mais là s’arrêtent les comparaiso­ns, du moins en ce qui a trait à l’amour pour le sport. Là où Mayfield démontre une passion contagieus­e pour le football, Murray semble assis entre deux chaises, lui qui a longtemps laissé croire que son véritable amour était le baseball. Il a été repêché en première ronde par les Athletics d’Oakland et, même s’il jure qu’il ne troquera pas le ballon pour la balle, le risque demeure entier.

UNE RARETÉ

Il faut remonter jusqu’à 1982 et 1983 pour retrouver la dernière équipe (Colts) qui a osé faire ce que les Cardinals viennent de faire, soit de choisir un quart-arrière deux années de suite en première ronde.

La saison dernière, les Cardinals étaient bourrés de trous dans l’alignement et leur quart-arrière choisi au premier tour, Josh Rosen, n’a pas bien paru dans ce contexte. Le nouvel entraîneur-chef, Kliff Kingsbury, était donc éperdument amoureux de Murray et a préféré jeter l’éponge dans le cas de Rosen. Plutôt spécial…

Autant j’étais convaincu l’an dernier que les Browns gagneraien­t leur pari avec Mayfield, autant je crains que les Cardinals perdent la mise.

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