SUR SA LUGE À100 À L’HEURE
match Raphaëlle Tousignant aborde chaque comme si c’était son dernier
Raphaëlle Tousignant, 16 ans, fait partie intégrante du visage du parahockey depuis trois ans, ayant été la plus jeune recrue de l’équipe féminine provinciale à 14 ans. Elle se dévoue à ses rêves – une participation aux Jeux paralympiques – et à son sport afin que d’autres jeunes ne voient pas leurs ambitions sportives freinées par leur handicap.
Sur la glace, l’athlète de Lachenaie est reconnue pour son style de jeu intense. Deux minutes à la fois, elle donne tout ce qu’elle a.
« J’y vais à fond en me disant que ce sera peut-être mon dernier match de hockey. On ne sait jamais ce qui peut arriver », dit Raphaëlle Tousignant.
À neuf ans, Raphaëlle était joueuse de ringuette. L’apparition d’une masse sur la hanche et un diagnostic d’ostéosarcome. La chimiothérapie, puis la décision d’amputer sa jambe droite pour sauver sa vie, « la meilleure décision de ma vie ».
« Quand j’ai fait mon dernier match de ringuette, je ne savais pas que ça allait alors être le dernier… Depuis, je joue toujours comme si c’était le dernier », ajoute Raphaëlle.
LE PASSAGE AU HOCKEY SUR GLACE
« Pour faire sa place dans le sport, ça prend un athlète qui est bon, mais aussi un athlète qui veut la faire, sa place », dit Maxime Gagnon, entraîneur-chef de l’équipe provinciale de parahockey. L’homme se dévoue pour le développement du hockey sur luge depuis 2010.
Raphaëlle prend sa place. À 14 ans déjà, elle était dans l’équipe féminine provinciale de parahockey. Ce printemps, elle sera aussi la première athlète féminine québécoise invitée par Hockey Canada au camp de sélection de l’équipe nationale de développement. Du 9 au 12 mai, elle sera en outre la première athlète féminine à participer à un championnat canadien au sein de l’équipe masculine du Québec.
« Mon but, ce n’est pas de simplement faire partie de l’équipe, mais d’y faire ma place », précise la spécialiste du hockey sur luge.
Grâce à son passé de ringuette, Raphaëlle avait un bon bagage sportif pour une transition plus aisée… qui ne s’est toutefois pas faite sans difficulté.
« Au début, on tombe tout le temps, et c’est très frustrant. Je n’arrivais pas à faire les jeux que je désirais », raconte l’athlète.
« C’est comme quelqu’un qui ne sait pas patiner et qui commence à jouer au hockey… il y a tout un apprentissage à gagner sur la conduite de la luge », explique Maxime Gagnon.
La luge en question est extrêmement instable, pour être tout aussi maniable. Ce n’est toutefois pas la difficulté du pilotage qui nuit à la participation au parahockey, mais la visibilité du sport, qui était, jusqu’à récemment, dans l’oubli, sans appui.
LE SPORT ADAPTÉ
« Alors que j’étais en centre de réadaptation et que je croyais ma carrière sur la glace finie, mon père a fait des recherches et il est tombé par hasard sur le hockey sur luge. Je ne savais même pas qu’un tel sport existait », raconte Raphaëlle.
Depuis son initiation au sport, il y a quatre ans, le hockey sur luge a énormément évolué, prenant sa place auprès de Hockey Canada des suites d’efforts de bénévoles comme Maxime Gagnon.
« Quand j’ai décidé de monter une équipe au Québec, il y a 10 ans, il n’y
avait rien en place. À peine une dizaine de joueurs au Québec, aucun entraîneur et 90 % des joueurs de l’équipe canadienne venaient de l’Ontario, dit-il. Ça m’apparaissait aberrant… le hockey est notre sport national ! Aujourd’hui, on a plus de 150 athlètes et huit clubs à travers la province en parahockey. »
« Il y a des histoires comme celle de Jean-François Huneault, qui restait encabané dans son sous-sol depuis ses 16 ans des suites d’une maladie dégénérative. La découverte du parahockey a changé sa vie », donne en exemple le directeur général de AlterGo et entraîneur-chef de parahockey.
« Dans les équipes, on est tous différents, mais on partage la même réalité : celle d’être différent. Le sport, c’est le seul moment où on peut être nousmêmes, en confiance. Ça m’apporte personnellement beaucoup », explique Raphaëlle Tousignant.
FUTUR SPORT OLYMPIQUE ?
Et comme bien des athlètes, leur rêve ultime les transporte jusqu’aux Jeux olympiques, ou Jeux paralympiques dans le cas d’athlètes touchés par un handicap physique. Le défi d’une participation pour Raphaëlle est plus grand encore, puisqu’il ne repose pas que sur le développement de ses habiletés.
Pour l’instant, le parahockey est une discipline strictement masculine aux Jeux.
« Il faut que le sport gagne en popularité chez les athlètes féminines pour qu’on puisse espérer avoir au moins six équipes olympiques très structurées dans le monde afin que le sport soit des Jeux de 2026 », explique l’athlète de Lachenaie.
« En 2026, ce serait parfait… je devrais être dans mon peak », rêve Raphaëlle.