Le Journal de Montreal

Proximité « très troublante » entre Trudeau et SNC-Lavalin

Ottawa et la firme québécoise travaillai­ent main dans la main, selon un rapport

- CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | Le rapport explosif du commissair­e à l’éthique révèle des liens de proximité « très, très troublants » entre le gouverneme­nt Trudeau et SNC-Lavalin.

Dans son rapport, Mario Dion recense plus d’une dizaine de contacts entre les hautes sphères du gouverneme­nt libéral et la firme québécoise. Et dans chacun des cas, il est clair dans les propos de M. Dion que l’équipe Trudeau travaillai­t de pair avec SNC pour influencer l’ex-procureure générale et ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould.

« C’est très dangereux lorsqu’un gouverneme­nt se met à ce point à la remorque de la volonté d’une entreprise comme SNC-Lavalin. Quand on est prêts à ce point à plier les règles pour satisfaire des intérêts privés, c’est là qu’on est sur une pente glissante », s’inquiète Martine Valois, professeur­e de droit à l’Université de Montréal.

Dès le départ, la création d’un régime d’accords de réparation était carrément « pour que SNC-Lavalin puisse en bénéficier », selon les propos du bras droit de M. Trudeau rapportés à M. Dion.

L’entourage de Trudeau tentait en novembre de convaincre Jody Wilson-Raybould de se tourner vers l’ex-juge en chef de la Cour suprême, Beverley McLachlin, pour obtenir un avis externe sur la marche à suivre dans cette affaire.

UNE IDÉE DE SNC

Or, ce qu’ils ne lui ont pas dit était que l’idée d’origine venait de SNC-Lavalin, et que la firme ainsi qu’un conseiller de Trudeau avaient déjà discuté longuement du dossier avec Mme McLachlin.

« Des membres du personnel supérieur du Cabinet du premier ministre ont cherché à convaincre Mme Wilson-Raybould d’obtenir des conseils externes sur le dossier – sachant d’avance en quoi consistera­ient ces conseils et omettant sciemment de [lui] transmettr­e certains renseignem­ents », révèle le rapport.

« Pourquoi on voulait chercher un avis externe ? On magasinait une opinion qui aurait été contraire à celle de la procureure générale du Canada, c’est clair. [SNC-Lavalin et l’équipe Trudeau] se sont ligués ensemble à l’encontre des intérêts d’un autre organe du gouverneme­nt. C’est très, très troublant », analyse Martine Valois.

MINISTÈRES À L’AIDE

Mais cet exemple est loin d’être le premier. Déjà au début de septembre dernier, SNC-Lavalin savait que la directrice des poursuites pénales du Canada ne voudrait pas lui accorder un accord de poursuite suspendu.

La firme a donc produit un argumentai­re dans le but de lui faire changer d’idée. Avec l’aide de qui ?

« Le ministère des Finances et le Bureau du Conseil privé ont tous deux activement aidé SNC-Lavalin à préparer cet argumentai­re », signale le commissair­e à l’éthique.

 ?? PHOTO LA PRESSE CANADIENNE ?? De passage au Nouveau-Brunswick hier, ici avec le député libéral du coin Matt DeCourcey, Justin Trudeau a encore refusé de s’excuser à la suite ce rapport du commissair­e à l’éthique qui l’accuse d’ingérence politique dans l’affaire SNC-Lavalin.
PHOTO LA PRESSE CANADIENNE De passage au Nouveau-Brunswick hier, ici avec le député libéral du coin Matt DeCourcey, Justin Trudeau a encore refusé de s’excuser à la suite ce rapport du commissair­e à l’éthique qui l’accuse d’ingérence politique dans l’affaire SNC-Lavalin.

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