Un ex-député libéral coupable d’agression sexuelle
Yves St-Denis a obtenu l’absolution pour avoir embrassé de force une conseillère
SAINT-JÉRÔME | L’ex-député libéral Yves St-Denis a été déclaré coupable d’agression sexuelle à l’endroit d’une conseillère municipale des Laurentides qu’il a embrassée de force, mais il s’en sortira sans casier judiciaire.
« Tabarnac », a laissé tomber le politicien déchu lorsque la juge Michèle Toupin a rendu son verdict hier.
Son visage devenu écarlate s’est toutefois apaisé lorsqu’il a compris que la magistrate allait lui octroyer une absolution conditionnelle en guise de sentence.
Cela fait en sorte qu’Yves St-Denis ne traînera pas de dossier criminel s’il garde la paix pendant un an et qu’il effectue 50 heures de travaux communautaires.
Par contre, l’homme de 55 ans a semblé agacé par le fait de voir son nom inscrit au registre des délinquants sexuels pour les 20 prochaines années.
« Voyons donc ! » a-t-il chuchoté à son avocat, qui lui a expliqué qu’il s’agissait d’une ordonnance obligatoire.
L’ex-député d’Argenteuil, dans les Laurentides, devra également se passer de ses armes de chasse pour 10 ans, ce qui l’a laissé pantois.
St-Denis n’a pas voulu commenter sa condamnation à sa sortie de la salle d’audience, mais son relationniste a fait savoir qu’il évaluait la possibilité de faire appel du jugement.
L’ex-politicien a été déclaré coupable d’avoir agressé sexuellement Marjorie Bourbeau le 26 mai 2017, à Saint-Adolphe-d’Howard.
À l’époque, la plaignante avait rencontré St-Denis dans le cadre de ses fonctions de conseillère municipale.
SOIRÉE FESTIVE
L’agression est survenue au terme d’une soirée festive à laquelle participaient l’accusé, la victime, la candidate libérale Naomie Goyette ainsi qu’une autre militante.
Après un 5 à 7 arrosé, un souper au restaurant et une soirée de karaoké chez Mme Goyette, St-Denis a demandé à Mme Bourbeau d’aller dormir chez elle.
« Elle a cédé devant l’insistance de l’accusé pour lequel elle n’avait aucune attirance, refusé sa proposition de dormir ensemble simplement et répété qu’elle n’avait qu’un divan à lui offrir », a retenu la juge Toupin.
St-Denis a toutefois rejoint la victime de 40 ans dans son lit.
« Je me suis réveillée et ses lèvres étaient à deux millimètres de mes lèvres. Je me suis tourné la tête, wouah ! il s’est mis à m’embrasser dans le cou, il me donnait plein de becs partout dans la face », a détaillé Marjorie Bourbeau lors du procès, au palais justice de Saint-Jérôme.
IL JURE LE CONTRAIRE
Elle a réussi à repousser le quinquagénaire, qui serait parti.
St-Denis avait pourtant juré au procès que c’est la conseillère qui lui avait offert un toit pour la nuit et qu’il n’avait jamais tenté de l’embrasser de force.
« La version de l’accusé n’est pas crédible et ne soulève pas de doute raisonnable. Ses propos et ses agissements […] viennent plutôt appuyer la version de la plaignante », a tranché la magistrate hier.
St-Denis a quitté le caucus libéral en avril 2018, après des allégations d’inconduite sexuelle envers une employée politique.
C’est à la suite de la médiatisation de cette affaire que Mme Bourbeau a porté plainte à la Sûreté du Québec.