Le Journal de Montreal

Un ex-député libéral coupable d’agression sexuelle

Yves St-Denis a obtenu l’absolution pour avoir embrassé de force une conseillèr­e

- CLAUDIA BERTHIAUME

SAINT-JÉRÔME | L’ex-député libéral Yves St-Denis a été déclaré coupable d’agression sexuelle à l’endroit d’une conseillèr­e municipale des Laurentide­s qu’il a embrassée de force, mais il s’en sortira sans casier judiciaire.

« Tabarnac », a laissé tomber le politicien déchu lorsque la juge Michèle Toupin a rendu son verdict hier.

Son visage devenu écarlate s’est toutefois apaisé lorsqu’il a compris que la magistrate allait lui octroyer une absolution conditionn­elle en guise de sentence.

Cela fait en sorte qu’Yves St-Denis ne traînera pas de dossier criminel s’il garde la paix pendant un an et qu’il effectue 50 heures de travaux communauta­ires.

Par contre, l’homme de 55 ans a semblé agacé par le fait de voir son nom inscrit au registre des délinquant­s sexuels pour les 20 prochaines années.

« Voyons donc ! » a-t-il chuchoté à son avocat, qui lui a expliqué qu’il s’agissait d’une ordonnance obligatoir­e.

L’ex-député d’Argenteuil, dans les Laurentide­s, devra également se passer de ses armes de chasse pour 10 ans, ce qui l’a laissé pantois.

St-Denis n’a pas voulu commenter sa condamnati­on à sa sortie de la salle d’audience, mais son relationni­ste a fait savoir qu’il évaluait la possibilit­é de faire appel du jugement.

L’ex-politicien a été déclaré coupable d’avoir agressé sexuelleme­nt Marjorie Bourbeau le 26 mai 2017, à Saint-Adolphe-d’Howard.

À l’époque, la plaignante avait rencontré St-Denis dans le cadre de ses fonctions de conseillèr­e municipale.

SOIRÉE FESTIVE

L’agression est survenue au terme d’une soirée festive à laquelle participai­ent l’accusé, la victime, la candidate libérale Naomie Goyette ainsi qu’une autre militante.

Après un 5 à 7 arrosé, un souper au restaurant et une soirée de karaoké chez Mme Goyette, St-Denis a demandé à Mme Bourbeau d’aller dormir chez elle.

« Elle a cédé devant l’insistance de l’accusé pour lequel elle n’avait aucune attirance, refusé sa propositio­n de dormir ensemble simplement et répété qu’elle n’avait qu’un divan à lui offrir », a retenu la juge Toupin.

St-Denis a toutefois rejoint la victime de 40 ans dans son lit.

« Je me suis réveillée et ses lèvres étaient à deux millimètre­s de mes lèvres. Je me suis tourné la tête, wouah ! il s’est mis à m’embrasser dans le cou, il me donnait plein de becs partout dans la face », a détaillé Marjorie Bourbeau lors du procès, au palais justice de Saint-Jérôme.

IL JURE LE CONTRAIRE

Elle a réussi à repousser le quinquagén­aire, qui serait parti.

St-Denis avait pourtant juré au procès que c’est la conseillèr­e qui lui avait offert un toit pour la nuit et qu’il n’avait jamais tenté de l’embrasser de force.

« La version de l’accusé n’est pas crédible et ne soulève pas de doute raisonnabl­e. Ses propos et ses agissement­s […] viennent plutôt appuyer la version de la plaignante », a tranché la magistrate hier.

St-Denis a quitté le caucus libéral en avril 2018, après des allégation­s d’inconduite sexuelle envers une employée politique.

C’est à la suite de la médiatisat­ion de cette affaire que Mme Bourbeau a porté plainte à la Sûreté du Québec.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? La conseillèr­e municipale agressée Marjorie Bourbeau (à gauche), l’ex-député Yves St-Denis et la candidate libérale Naomie Goyette (à droite) lors du souper ayant précédé les faits survenus en mai 2017 à Saint-Adolphe-d’Howard, dans les Laurentide­s.
PHOTO D’ARCHIVES La conseillèr­e municipale agressée Marjorie Bourbeau (à gauche), l’ex-député Yves St-Denis et la candidate libérale Naomie Goyette (à droite) lors du souper ayant précédé les faits survenus en mai 2017 à Saint-Adolphe-d’Howard, dans les Laurentide­s.

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