Le Journal de Montreal

Innovation pour guérir la tuberculos­e

Un médecin montréalai­s et son équipe veulent soigner des personnes isolées grâce à des drones

- ÉLISE JETTÉ

Une équipe de recherche menée par un médecin montréalai­s pourrait permettre d’établir des diagnostic­s et de soigner plusieurs maladies avec des drones dans des régions du monde inaccessib­les en voiture.

« On essaie d’aller soigner des personnes à qui il faudrait normalemen­t entre un et cinq jours de marche pour se rendre à un centre de santé », a expliqué le Dr Simon Grandjean Lapierre du Centre de recherche du CHUM.

C’est avec un système de soins ébauché grâce à l’utilisatio­n de drones que le Dr Grandjean Lapierre et son équipe ont considérab­lement amélioré le traitement contre la tuberculos­e dans une commune enclavée de 27 000 habitants, à Madagascar, en Afrique.

Il espère maintenant que leur innovation permettra à des équipes médicales d’atteindre des communauté­s isolées ailleurs dans le monde.

En collaborat­ion avec l’Université Stony Brook, à New York, et l’Institut Pasteur de Madagascar, il a mis sur pied un projet pilote détaillé récemment dans le journal

BMJ Global Health.

Même si Médecins sans frontières avait déjà démontré le potentiel des drones dans les soins de santé en Papouasie–Nouvelle-Guinée, la technologi­e développée à Madagascar permet désormais de travailler de façon bidirectio­nnelle et autonome.

DANS LES DEUX SENS

« Ce qu’on peut faire, désormais, c’est transporte­r des choses dans les deux sens et faire un suivi, a précisé Dr Grandjean Lapierre. On envoie le drone en région éloignée pour récupérer des échantillo­ns cliniques et les rapporter vers des infrastruc­tures développée­s. Au laboratoir­e, on établit les diagnostic­s et le drone rapporte ensuite ce qui est nécessaire aux soins. Le trajet du drone dure environ 25 minutes. »

Même lors des périodes de l’année plus sèches, il est pénible pour un véhicule tout-terrain de se rendre dans les villages tant les chemins sont boueux.

« Les gens ne pouvaient pas se permettre de laisser leur famille pendant plusieurs jours pour se rendre à pied au centre de santé et aller se faire soigner ou même diagnostiq­uer », a soutenu le chercheur.

UN SUIVI QUOTIDIEN

Pour s’assurer que le patient prend réellement les médicament­s qui lui sont envoyés, le système est muni d’un moniteur.

« Le pilulier est muni d’une puce avec une carte SIM, a expliqué le Dr Grandjean Lapierre. Quand on l’ouvre, ça envoie un signal par réseau téléphoniq­ue à un ordinateur du centre de santé. »

« C’est d’autant plus important en ce qui concerne la tuberculos­e, dont le traitement dure six mois, a assuré le médecin. Si on oublie 10 % des médicament­s, on perd 10 % des chances de succès du traitement. C’est proportion­nel. »

Depuis le début du projet, l’équipe a pu augmenter de 50 % l’accès au test de la tuberculos­e et 50 % plus de patients finissent le traitement de six mois.

Le Dr Grandjean Lapierre espère que son innovation s’inscrira comme un progrès pour parvenir à l’objectif de l’OMS de réduire l’incidence de la tuberculos­e de 90 % d’ici 2035.

 ?? PHOTO COURTOISIE, CENTRE DE RECHERCHE DU CHUM ?? Un simple drone a contribué à améliorer le traitement contre la tuberculos­e auprès d’une population éloignée de Madagascar.
PHOTO COURTOISIE, CENTRE DE RECHERCHE DU CHUM Un simple drone a contribué à améliorer le traitement contre la tuberculos­e auprès d’une population éloignée de Madagascar.

Newspapers in French

Newspapers from Canada