Le Journal de Montreal

Les entreprise­s de l’aluminium peu intéressée­s par l’aide de Québec

Un seul prêt de 4,3 millions de dollars a été autorisé par Investisse­ment Québec

- PHILIPPE ORFALI

Elles se disaient « en péril » en raison de la surtaxe de l’administra­tion Trump sur les produits canadiens de l’aluminium. Un an plus tard, les entreprise­s du secteur s’en sortent toutefois bien. Tellement qu’elles n’ont à peu près pas touché au fonds de sauvetage de Québec.

Mai 2018. Les quelque 1400 entreprise­s québécoise­s de transforma­tion du métal gris crient à l’aide alors que les États-Unis viennent d’imposer des tarifs de 10 % sur les importatio­ns canadienne­s d’aluminium et d’acier. Certaines d’entre elles se disent carrément menacées d’extinction. Leurs quelque 17 000 employés sont sur le qui-vive.

Le gouverneme­nt Couillard annonce alors un plan d’urgence de près de 100 millions $, dont 90 millions $ offerts dans le cadre du programme ESSOR, afin de « soutenir, pour une durée limitée, le fonds de roulement des entreprise­s admissible­s » grâce à des prêts ou garanties de prêts. Ce sont les PME de transforma­tion du métal, jugées très fragiles, et non les grandes aluminerie­s qui étaient visées par le programme.

ENVIRON 90 MILLIONS $ DÉBLOQUÉS

Un peu plus d’un an plus tard, la catastroph­e annoncée ne s’est pas produite. Loin de là, même. Les quelque 90 millions de dollars débloqués à cette fin n’ont à peu près pas servi, a appris Le Journal.

À vrai dire, seulement trois demandes d’aide financière ont été reçues depuis juin 2018 au ministère de l’Économie du Québec.

Un seul prêt de 4,3 millions $ a finalement été autorisé par Investisse­ment Québec.

« Les deux autres demandes ont été retirées par les entreprise­s », explique Jean-Pierre D’Auteuil, un porte-parole du ministère de l’Économie.

Aucune autre demande n’est actuelleme­nt en analyse, a-t-il confirmé.

« Pourquoi il n’y a pas eu plus de demandes que ça ? Je ne sais pas », reconnaît d’emblée Jean Simard, le président et chef de la direction d’Aluminium Canada, qui représente les grandes aluminerie­s du pays.

« Peut-être que les PME ont réussi à s’adapter, à vendre ici. »

Chose certaine, l’aide offerte par Ottawa, sous forme de subvention, a un peu plus servi.

Ainsi, le Québec a obtenu près de la moitié des 20 millions $ remis jusqu’à maintenant dans le cadre du programme Croissance économique régionale par l’innovation, annoncé en mars 2019. D’autres annonces devraient suivre. Le Québec a aussi obtenu près de 39 millions $ des 195 millions $ remis par le Fonds stratégiqu­e pour l’innovation, destiné aux entreprise­s de l’acier et de l’aluminium, a indiqué Pierre-Olivier Herbert, le porte-parole du ministre des Finances Bill Morneau.

« Nous sommes fiers d’avoir pu faire enlever les tarifs américains injustifié­s, et nous continuero­ns de collaborer avec les secteurs afin de protéger les intérêts du Canada dans un contexte commercial mondial difficile », a-t-il ajouté.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, PIERRE-ALEXANDRE MALTAIS ?? En mai 2018, les premiers ministres Justin Trudeau et Philippe Couillard (accompagné ici de l’ex-ministre de l’Économie Dominique Anglade) avaient annoncé des plans d’aide aux entreprise­s de l’aluminium. Des contributi­ons gouverneme­ntales à de grands projets avaient aussi été annoncées, notamment à Saguenay.
PHOTO D’ARCHIVES, PIERRE-ALEXANDRE MALTAIS En mai 2018, les premiers ministres Justin Trudeau et Philippe Couillard (accompagné ici de l’ex-ministre de l’Économie Dominique Anglade) avaient annoncé des plans d’aide aux entreprise­s de l’aluminium. Des contributi­ons gouverneme­ntales à de grands projets avaient aussi été annoncées, notamment à Saguenay.

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